Depuis l’enfance, je suis terrifiée par les boîtes aux lettres. Elles me rappellent l’angoisse des veilles de vacances, gâchées par l’arrivée du bulletin de notes. Ma mère, trop habituée à mes mauvaises notes, préférait finalement accrocher sans l’ouvrir l’enveloppe au pense-bête que je lui avais fabriqué pour la fête des mères : une grenouille verte sur une pince à linge en bois. Pense-bête. C’est le mot « bête » qui m’a longtemps hantée. J’étais pourtant loin de l’être. Brillante à l’oral, j’étais un vrai cancre à l’écrit. Les dictées étaient mon cauchemar. Les nuits qui précédaient l’exercice, il m’était impossible de trouver le sommeil. Je me cachais sous la couette, la trouille au bide, imaginant mille et une manières de disparaître de la surface de la terre. À sept ans, à peine, à cause de l’orthographe, me sont venues mes premières idées noires. Le rendu des copies était tout aussi terrible. Truffées de rouge, elles étaient la plupart du temps annotées d’un zéro. Un jour, j’ai battu mon record avec un score de moins 85. L’institutrice a alerté ma mère et lui a dit qu’elle doutait que leur fille parvienne un jour à balayer les couloirs d’un hôpital. On m’a classée parmi les mauvais, parmi les condamnés. Aux yeux des adultes, j’étais dyslexique, et c’en était terminé. 

On apprend à lire en quatre étapes. D’abord, le codage, la reconnaissance des lettres. Puis vient le décoda

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