D’où vous est venu le goût de la mer ? 

Cela a commencé comme pour beaucoup de petits enfants. Nous habitions en banlieue parisienne et nous allions passer les vacances au bord de la mer, rien que de plus classique. Nous traînions un dériveur sur une remorque derrière la voiture. Une fois arrivés à Lancieux, dans les Côtes-du-Nord – devenues aujourd’hui les Côtes-d’Armor, c’est bien plus chic –, on nous emmenait en bateau avec mes sœurs aînées. J’ai tout de suite accroché. Il y avait le mouvement, le vent. Quand on est enfant, tout passe par les émotions : ça bougeait, c’était joli, c’était l’aventure. Plus tard, cela nous permettait d’échapper aux parents en voguant jusqu’à l’île d’en face. Quand j’avais 10 ans, je me disais déjà que la mer, c’était ma vie. Bien sûr, plein d’enfants ont des rêves à cet âge : devenir astronaute, pompier, Mère Teresa. Mais moi, ça ne m’a pas quittée. Petit à petit, j’ai découvert des plaisirs intellectuels à la navigation et je me suis mise à réfléchir à un avenir maritime. J’ai regardé quelles études je pourrais faire et je me suis organisée pour y arriver. Il existait alors une seule prépa en France qui proposait une spécialisation sur la pêche, celle de l’Agro de Rennes. Diplômée de cette école, je suis donc devenue ingénieur agro-halieute. 

Cela ne faisait pas encore de vous une navigatrice.

Non, c’est pourquoi j’ai décidé, avec mon petit copain de l’époque, de construire un bateau de 10 m en acier pour pouvoir naviguer dessus. On a acheté un plan, des tôles, un poste à souder et on s’y est mis. J’ai toujours aimé bricoler. Nous nous étions installés à La Rochelle, dans un endroit extraordinaire qui s’appelle la Ville-en-Bois, entre le port des Minimes et le centre, d’anciens hangars qui avaient été réinvestis par de petits artisans et quantité de constructeurs amateurs. J’ai adoré cett

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