Parole de vieux marin, les Fêtes maritimes internationales qui se déroulent à Brest tous les quatre ans, et cette année du 13 au 19 juillet, sont sans équivalent. Olivier de Kersauson, 72 ans, le dit à tous les micros disponibles avec ce ton bougon qui donne du poids aux compliments : « Il n’y a rien de pareil au monde : un tel rassemblement maritime, une telle connaissance, un tel mélange de types de navires. Ce qu’on voit à Brest en une semaine, il faudrait trente ans de vie pour aller le voir un peu partout. Culturellement, c’est la plus grosse manifestation maritime que je connaisse, et la plus belle, de très loin. »

Fortuné Pellicano n’est pas moins dithyrambique mais beaucoup plus chaleureux. Vice-président de Brest événements nautiques, adjoint au maire chargé du développement de la métropole et du tourisme, il a lui-même été marin. Cet Italien de naissance devenu Brestois par choix parle des Fêtes maritimes avec la fierté d’un parent émerveillé par son enfant. « C’est à Brest et nulle part ailleurs. Les plus beaux bateaux disponibles dans le monde seront là. Qui peut offrir une rade de 180 km2 et six ports pour rassembler en même temps, en un même lieu, plus de mille bateaux représentatifs de tout ce qui vogue sur l’eau, et les faire naviguer ensemble ? Ce sera la fête de tous les marins et de toutes les marines du monde. » Depuis 1992, les Fêtes maritimes sont devenues un marqueur culturel pour la métropole de Brest comme la Fête des lumières à Lyon ou la grande braderie à Lille. Pas moins de 700 000 visiteurs étaient venus pour les vingt ans en 2012, parmi lesquels François Hollande le soir de son premier 14 Juillet de président. Ce n’est pas autant que l’événement Sail Amsterdam qui a lieu tous les cinq ans et attire plus de 2 millions de personnes, mais Brest vise moins le gigantisme que l’émotion partagée. 

Une fois admis dans le vaste périmètre payant – et sécurisé, ce qui a plus d’importance que jamais dans le contexte d’état d’urgence –, les visiteurs, venus pour 60 % de Bretagne, peuvent embarquer et naviguer avec les marins. En 2012, 80 000 personnes avaient pu prendre la mer sur des vieux gréements. « Seules les Fêtes maritimes de Brest permettent une telle expérience », explique Fortuné Pellicano. « Mais il faut qu’il se passe aussi quelque chose à terre. Les 9 km de quais, y compris ceux habituellement inaccessibles de l’Arsenal militaire, accueilleront des centaines de bateaux de toutes sortes, des barques sétoises aux multicoques de course, des vieux morutiers et baleiniers aux bateaux scientifiques. Il y aura bien sûr les vedettes comme l’Hermione, réplique, jusqu’au dernier de ses 34 canons, du navire qui emporta en 1780 le jeune marquis de La Fayette vers l’Amérique pour combattre aux côtés de Washington contre les Anglais ; et d’autres bâtiments reconstruits à l’identique tels le Shtandart, réplique exacte du grand trois-mâts de l’empereur russe Pierre Ier, fondateur de Saint-Pétersbourg, et La Recouvrance, une goélette qui appartient à la ville de Brest. Les deux plus grands voiliers du monde encore en navigation, le Sedov et le Krusenstern, seront de la partie. Et l’on pourra admirer pas moins de 40 tall ships venus des quatre pays à l’honneur de l’édition 2016 – Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Russie –, sans oublier les magnifiques voiliers-écoles des marines nationales mexicaine et argentine, le Cuauhtémoc et le Libertad.

« Il y aura certes l’infinie variété des bateaux, 1 500 voiliers anciens et 15 000 marins, mais pas que ça, assure encore le vice-président de Brest 2016. Le contenu a beaucoup d’importance. Deux mille musiciens venus de tous les pays hôtes et une cinquantaine de groupes sérieux se produiront pendant les Fêtes maritimes. Un espace est consacré aux peintres de la Marine, un autre aux écrivains de la Marine, un lieu de rencontres est géré par la librairie brestoise Dialogues. Le Village méditerranéen, le village “Terres et mers de Bretagne” consacré à l’économie de l’agriculture et de la pêche et enfin le village scientifique “Océan et climats” sont là pour nourrir intellectuellement les visiteurs. » Et pour les nourrir au sens propre du terme, il y a abondance de restaurants, bars, kiosques et autres stands. 

 

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