Autant l’avouer : l’air que l’on respire ne m’inspire pas. Il me donne comme un sentiment de vide. C’est ce qu’on appelle sans doute le syndrome de la page blanche. Bien sûr, il me serait possible de brasser du vent, mais vous protesteriez à juste titre en vous exclamant : « Il ne manque pas d’air, celui-là ! »

Un bon truc, quand on manque d’inspiration, est de se tourner vers les philosophes de l’Antiquité. Aucun thème ne leur a échappé. Ils ont tout dit sur tout, et nos penseurs contemporains ne font souvent que les paraphraser.

Empédocle estimait que l’univers se compose de quatre éléments : l’eau, le feu, la terre et l’air. Mais quel était le premier, à l’origine de toute matière ? Le feu, affirmait Héraclite. L’eau, corrigeait Thalès. L’air, révélait Anaximène. C’est en effet un élément aussi essentiel que troublant. Un bol d’air est encore plus insaisissable qu’une poignée d’eau.

Après tout, dans un numéro largement consacré à la pollution, cette modeste chronique pourrait être un petit ballon d’oxygène. L’atmosphère est empestée. On se fait enfumer par de grands patrons de l’automobile qui veulent nous persuader que leurs salaires fantastiques sont justifiés par la quantité de leurs gaz d’échappement. On se fait souffler dans les bronches par des écolos qui nous accusent d’être irresponsables, alors que leurs chamailleries continuelles produisent autant de méthane que les pets des vaches.

Serait-il interdit de respirer la joie de vivre ? Un peu d’air, que diable ! Du bouche-à-bouche, s’il le faut ! 

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