Les agents secrets ont la peau dure. Après avoir patienté le temps du Covid, James Bond est de retour sur nos écrans quelques semaines après OSS 117. Nos espions préférés sont des chromos éternels : Bond, amateur de Martini dry au service de Sa Majesté ; OSS, son saucisson-beurre et sa fidélité au Général… Les scénaristes du XXIe siècle ont la plume moins légère. Leurs séries racontent un monde arpenté par des agents spéciaux impuissants et tourmentés. Homeland ? L’Amérique maniaco-dépressive post-11-Septembre. Le Bureau des légendes ? Une communauté d’experts malmenée par des hackers russes et des grands frères américains.

Les espions sont devenus des agents de renseignement habilités, ultraqualifiés, surcontrôlés. Loin du permis de tuer de l’agent 007, la majorité d’entre eux passent le plus clair de leur temps devant des écrans. Mister Q, le bidouilleur de Bond, est devenu expert en numérique. Il traque les logiciels espions, fait parler les données et la reconnaissance faciale.

Vingt ans après le 11-Septembre, nous entrons dans une nouvelle ère. Dans un grand entretien, Philippe Hayez, ancien directeur adjoint à la DGSE, analyse ces mutations. Pour lui, le terrorisme transnational a laissé la place à de nouvelles menaces : extrémistes isolés et imprévisibles, puissances hostiles, réseaux mafieux… Qui aurait dit que la vie d’un Premier ministre européen pourrait être menacée par des trafiquants de drogue, comme aujourd’hui aux Pays-Bas ?

Désormais, une grande part des conflits se déroulent dans le cyberespace. Les quantités d’informations y sont gigantesques : toutes les six heures, la NSA américaine capte l’équivalent en octets de la bibliothèque du Congrès. Une étude vient de révéler que la Chine employait à plein temps 2 millions de cybercombattants et 20 millions à temps partiel. Fabien Laurençon, enseignant et chercheur, nous dresse un tableau des affrontements qui se mènent sur la Toile.

On a souvent dit que la France n’avait pas de culture du renseignement, les choses sont en train de changer. De nombreux jeunes, femmes et hommes, se pressent aux concours pour devenir analystes, linguistes, spécialistes en renseignement géospatial… Les services s’arrachent les informaticiens de haut niveau, recrutent des champions du code à l’issue de concours de résolutions d’énigmes en cryptologie. Nous publions des témoignages d’agents recueillis à l’occasion de l’exposition « Espions » de la Cité des sciences. Léïa, Hector, Joséphine, Lucile ou Nicolas évoquent, dans les grandes lignes, leur vie de fonctionnaire ou de contractuel. Ils exercent des missions d’intérêt général sur lesquelles ils sont tenus à la plus grande discrétion. Dans nos sociétés où Narcisse est roi, ce n’est pas le moindre de leurs mérites. 

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