Après l’annonce de sa mort, en août 2011, Paris-Match titrait : « L’autre de Gaulle s’est éteint. » Il faut dire qu’Henri Tisot avait fini par s’identifier au personnage qu’il imitait. 

C’est en 1958, l’année du retour du Général aux affaires, que ce fils de pâtissier de La Seyne-sur-Mer devient pensionnaire de la Comédie-Française. Il n’y reste pas longtemps. Deux ans plus tard, c’est le théâtre de Dix Heures qui le rend célèbre. Malgré son physique rondouillard, il y campe un de Gaulle saisissant. Tout y est : la posture, la gestuelle, le phrasé, les envolées, la hauteur de la voix… Son premier quarante-cinq-tours, intitulé L’autocirculation (à propos du « droit des Algériens à l’autodétermination ») se vend à un million d’exemplaires. 

Tisot ne cite jamais le nom du chef de l’État, devenu « Qui vous savez ». C’est son modèle dans tous les sens du terme, car l’imitateur est aussi un fervent gaulliste. Après 1969, il parodie Georges Pompidou, Alain Poher ou Jacques Duclos, mais l’ombre du grand homme l’empêche de se diversifier. « Je suis entré dans la peau du Général, dira-t-il, mais il a fini par avoir la mienne. Il me tient, il est toujours là dans les recoins de ma personne et, lorsque l’on me voit, on pense à lui. »

Au cinéma, dans Heureux qui comme Ulysse, il incarne un gendarme face à Fernandel. « Il fallait un type avec un képi, alors on a pris Tisot », explique-t-il avec humour. Aucun des imitateurs qui lui succéderont (Thierry Le Luron, Laurent Gerra, Nicolas Canteloup…) ne sera ainsi lié à un seul personnage politique. « Qui vous savez » était sans doute trop grand pour pouvoir être partagé. 

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