Le gaullisme pouvait-il survivre à de Gaulle, et si oui, comment ? La question, récurrente, divise commentateurs et historiens depuis un demi-siècle. Elle se pose dès le 29 avril 1969, au lendemain du départ du Général, après le référendum perdu qui a précipité sa chute. Complexe, cette problématique trouve ses racines dans la définition même du gaullisme, intrinsèquement liée à la personne du Général et à son expérience d’exercice du pouvoir. Par nature rétif à toute classification dans le clivage droite-gauche traditionnel, le gaullisme est un ensemble d’idées flottant, mouvant, qui fédère des hommes venus de tous horizons politiques, essentiellement soudés par leur fidélité au fondateur de la Ve République. Difficile, a priori, d’imaginer qu’un tel mouvement puisse subsister après l’effacement de celui qui constituait sa raison d’être. Après son départ, de Gaulle avait d’ailleurs confié à André Malraux que la page était tournée et qu’il se sentait étranger à ce qui se passait chez ses partisans.

Comment expliquer alors que, cinquante ans après la fin de la République gaullienne, la plupart du personnel politique, de la gauche radicale à l’extrême droite, se revendique de l’homme du 18 Juin, porteur d’une « certaine idée de la France » ?

Une telle interrogation appelle plusieurs réponses. La première et la plus nette tient à ce que la disparition du général de Gaulle de la scène politique marque moins la fin du gaullisme que celle d’un gaullisme, celui de son inventeur. Sur le plan strictement politique, le gaullisme comme famille politique se réunit d’abord autour de Georges Pompidou après le départ du Général. En dépit d’accusations de trahison après sa démission du gouvernement en juillet 1968, parfois qualifié « d’anti-de Gaulle » par certains députés conservateurs de l’UDR – le parti gaulliste – qui n’acceptaient pas sa ligne réformiste, l’ancien Premier ministre installe, une fois élu, le gaullisme durablement comme force politique.

Candidat dès le 30 avril à l’&eacu

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