En France, le texte de loi instaurant l’« état d’urgence sanitaire », voté le 22 mars par les députés après un débat relativement restreint, a fait l’objet de réserves de la part de divers élus et d’organismes de défense des libertés, tous craignant que ses modalités laissent à l’exécutif une marge d’action hors du contrôle des législateurs qui déroge trop aux normes démocratiques usuelles, même en période critique. Le 16 mars, les experts de l’ONU avaient d’ailleurs lancé un appel afin que « toute réponse d’urgence au coronavirus [soit] proportionnée, nécessaire et non discriminatoire » et ne soit pas « utilisée pour étouffer les dissidences ». Le président Macron a justifié ces dérogations d’une phrase choc : « Nous sommes en guerre. » L’analogie entre les guerres et les pandémies a ses limites. Mais, comme les guerres, les pandémies sont un terreau sur lequel se propagent les pires mensonges et théories du complot. Et comme toutes les situations suscitant de grandes frayeurs, les pandémies permettent aussi à des dirigeants peu scrupuleux de s’octroyer des pouvoirs indus.

Les Manœuvres de Netanyahou

Le cas d’Israël est emblématique. Voilà un État qui, pour les 80 % de ses citoyens qui sont juifs, est démocratique. Son Premier ministre, Benyamin Netanyahou, a été mis à trois reprises dans l’impossibilité de former un nouveau gouvernement à l’issue d’élections législatives. Aussi, après le dernier scrutin du 2 mars, le président de l’État – c’est son rôle – a demandé au chef de l’opposition, le général Benny Gantz, de tenter de former une coalition majoritaire. Ce dernier entendait d’abord réunir la nouvelle Knesset – le parlement israélien – pour soumettre au vote des récents &eac

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