Loin d’être occultée, la mort occupait une place centrale dans l’ancienne Égypte. Dès qu’il accédait au pouvoir, un pharaon s’empressait de préparer sa tombe. Seuls les monuments funéraires et les temples étaient construits en pierre dure, « matériau d’éternité », à la différence des habitations, et même des palais.

Pour que le défunt rejoigne les dieux, il fallait notamment que son corps soit intact et puisse se réunir, le moment venu, aux autres éléments immatériels de sa personne : son nom, son ombre, son esprit… D’où la momification, réservée à l’origine au souverain, mais qui s’est peu à peu démocratisée. Ce n’était pas seulement une technique de conservation, mais un acte religieux et magique.

Ce voyage vers l’au-delà, plein de périls, devait se faire à l’abri des regards, avec d’infinies précautions.

Pour le grand voyage qui devait le conduire devant le tribunal divin, le défunt emportait des vêtements, des bijoux, du mobilier, de la nourriture… Et, pour assurer le renouvellement de ses victuailles, les aliments dessinés ou gravés sur les parois de sa tombe lui permettraient de ne manquer de rien.

Mais ni la momie ni le trésor funéraire, enfermés dans une pyramide ou enfouis dans la montagne thébaine, n’étaient faits pour être vus. Ce voyage vers l’au-delà, plein de périls, devait se faire à l’abri des regards, avec d’infinies précautions. Or, la plupart des sépultures ont été violées par des bandits dans l’Antiquité, et par la suite des égyptologues ont été jusqu’à retirer les bandelettes des momies pour les étudier.

Aujourd’hui, notre tendance à nous détourner de la mort ne nous empêche pas d’aller scruter ces corps embaumés dans des musées. Y a-t-il prescription ? À partir d’un certain nombre de siècles, des restes humains peuvent-ils devenir objets d’exposition ? Plus intéressant est de se demander ce que nous disent ces momies d’une civilisation qui n’avait rien de macabre : les Égyptiens étaient tellement attachés à la vie qu’ils voulaient rendre leurs morts éternels. 

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