Contrairement à une idée reçue, les Français aiment l’impôt. Pour tout dire, ils l’adorent. Ceux qui ne sont pas taxés sur le revenu (plus de la moitié de la population) sont terriblement frustrés. Et l’autre moitié ne demande qu’à payer davantage. Mais il est une chose que ce peuple exemplaire ne supporte pas, c’est le vocabulaire fiscal.

Comment des citoyens épris de liberté (et accessoirement d’égalité et de fraternité) pourraient-ils accepter d’être assujettis à l’impôt ? Le Trésor de la langue française (TLF) donne de ce verbe une définition glaçante : « imposer quelque chose, en obligeant ou en contraignant […] avec soumission aliénante, le plus souvent pénible ». Et l’on s’étonne ensuite d’entendre des « Macron démission » !

Il arrive qu’un impôt « frappe les ménages les plus modestes ». Une telle violence se justifie-t-elle vraiment ? Ce ne sont pourtant pas les Français réduits aux tranches les plus basses qui bénéficient d’un bouclier fiscal : cette arme défensive est réservée aux plus riches, dont le total des impôts ne peut dépasser un certain montant. La seule consolation du contribuable lambda est un profond abattement.

Pour lui donner un os à ronger, on n’a pas trouvé mieux que de fabriquer des niches fiscales. Les bénéficiaires de dérogations, que l’on croyait comme coqs en pâte, se retrouvent ainsi dans une petite cabane abritant un chien qui aboie. Il est vrai que jadis le mot « niche » désignait une espièglerie, une farce malicieuse. 

En effet, tout cela n’est pas très sérieux. Avec la dérive du vocabulaire, exonérée d’amendes, l’imposition finira par être taxée d’imposture. 

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