Le gaspillage alimentaire est un scandale. Ne devrait-il pas figurer, avant même la gourmandise, parmi les sept péchés capitaux ?

Jusqu’à récemment, j’avais trois poubelles : une grise pour le tout-venant, une verte pour le verre et une jaune pour les papiers ou cartons. C’était assez simple et écologiquement satisfaisant. Mais une quatrième poubelle, marron celle-là, s’est invitée à la maison, poussée par le vent du réchauffement : elle recueille les restes de repas ou les produits alimentaires non consommés.

Il paraît qu’un Français jette en moyenne 30 kilos de nourriture par an, soit l’équivalent d’un repas par semaine. Serais-je par malheur un Français moyen ? Pour le savoir, j’ai appliqué l’autodiagnostic antigaspi proposé par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Muni d’une balance, d’une grande boîte, d’une carafe et d’un carnet, j’ai observé et soigneusement pesé, pendant quatorze jours comme prescrit, les restes solides et liquides de mes repas. J’ai été incapable, en revanche, d’évaluer avec précision ce que je n’avais pas consommé, mais qui aurait pu être bu ou mangé. Trop compliqué.

Les déchets illégitimes devraient empêcher de dormir un citoyen écoresponsable. Achats inutiles, produits périmés, assiettes surchargées… C’est décidé : pendant quatorze jours, je vais tester les recettes de cuisine antigaspi de l’Ademe. Ni carafe ni balance. Objectif zéro déchet. Zéro péché.

Mais j’ai la chance d’avoir un petit jardin. Je me suis offert un composteur qui accueille les épluchures de fruits et légumes, les coquilles d’œufs, le marc de café et d’autres merveilles. Chaque jour, je vois se remplir avec attendrissement ce bac dont le contenu va produire tout seul du terreau de qualité. Nourrir la terre… La poubelle no 5 est ma grande consolation. 

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