« On peut nourrir correctement la population, réduire les pollutions et créer des emplois »
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Dans quelle mesure la France produit-elle sa nourriture ?
Sur le papier, elle est totalement à l’abri des pénuries : elle exporte plus qu’elle n’importe – le différentiel représentant l’équivalent de 9 % de ses terres agricoles. Mais, en réalité, la France ne produit que 63 % de son alimentation. La moitié de ses fruits et légumes et tout le soja qui nourrit son bétail viennent de l’étranger.
Certaines exportations sont nécessaires, par exemple la vente de céréales à des pays qui ont peu de terres fertiles et une forte démographie. Mais d’autres échanges ont des raisons purement économiques. La France importe ainsi globalement autant de tournesol qu’elle en exporte ! Avec la guerre en Ukraine, on se retrouve en pénurie alors qu’on produit en excédent.
Par ailleurs, la marge de manœuvre agricole du pays diminue, pour trois raisons : la population croît, nous perdons des dizaines de milliers d’hectares de terres agricoles par an et le changement climatique limite les rendements.
En quoi l’évolution du climat va-t-elle influencer l’avenir agricole et alimentaire du pays ?
Il n’y a pas de climatosceptiques chez les agriculteurs : ils expérimentent au quotidien le changement climatique. Cette année, certains éleveurs ont dû abattre leurs bêtes, faute d’herbe pour les nourrir en raison de la sécheresse ; des fruiticulteurs ont perdu leur récolte à cause du gel tardif ; et les chaleurs précoces ont entraîné l’échaudage des céréales, c’est-à-dire une maturation trop rapide du grain.
L’eau aussi va devenir un facteur limitant : l’irrigation bénéficie en grande partie au maïs-grain – qui sert à nourrir les poulets et les porcs – alors qu’il faudrait arroser avant tout les fruits et légumes. Il faudrait aussi se tourner vers des plantes adaptées à la sécheresse, comme le sorgho, ou planter des arbres dans les champs pour créer de l’ombre et produire en agroforesterie. L’inventivité va devenir le maître-mot. L’agriculture émet 20 % de nos gaz à effet de serre, mais constitue aussi une partie de la solution car elle stocke du carbone [en faisant pousser des végétaux, NDLR].
Vous avez participé à l’élaboration du scénario
« On peut nourrir correctement la population, réduire les pollutions et créer des emplois »
Philippe Pointereau
L'agronome Philippe Pointerau, expert des impacts environnementaux de l’agriculture au sein de l’association Solagro et coauteur du scénario Afterres 2050, plaide pour une réorientation de la production vers l’agroécologie et l’adoption de nouvelles habitudes alimentaires plus soutenables.
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