Longtemps, notre époque fut celle du pamplemousse et du béton, selon les mots du poète W.H. Auden, tant la mondialisation des échanges agricoles est allée de pair avec la croissance des villes. Le XXIe siècle verra-t-il le retour des cultures vivrières ? Et du potager individuel, comme dans ce poème du très urbain Raymond Queneau ? 

Il a semé dix grains de blé
et trois graines de capucine
dans un jardin tout entouré
de murs et tessons de bouteilles

en ces lieux où la campagne
livre une bataille ultime
aux progrès de la grande ville
il possède un bout de terrain
 
il bêche, il sarcle, il se penche 
– torticolis et lumbagos –
il fume sa pipe et pense
à la récolte de l’été
 
le blé pousse et la capucine
il moud le grain en farine
en mange les fleurs en salade
autos et motos pétaradent
 
puis il s’abonne à la revue
d’horticulture comparée
le banlieusard et la nature
ont parfois de ces nostalgies…

 

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