« Il existe des lois injustes. Devons-nous nous contenter de leur obéir ou allons-nous nous efforcer de les amender pour ensuite leur obéir jusqu’à ce que nous soyons arrivés à nos fins, ou bien allons-nous les transgresser tout de suite ? En général, soumis à un gouvernement tel que le nôtre, les hommes pensent qu’il vaudrait mieux attendre qu’ils aient persuadé la majorité de les modifier. Ils pensent que s’ils offrent une résistance, le remède risque d’être pire que le mal. Mais c’est la faute du gouvernement si le remède est pire que le mal. C’est lui qui le rend pire. Pourquoi n’est-il pas plus enclin à prévoir et réaliser des réformes ? Pourquoi ne chérit-il pas sa minorité qui est pleine de sagesse ? Pourquoi est-ce qu’il pousse des cris et se débat avant même que cela fasse mal ? Pourquoi n’encourage-t-il pas les citoyens à être sur le qui-vive pour lui indiquer ses erreurs et à faire mieux que ce qu’il leur demande ? Pourquoi est-ce qu’il crucifie continuellement le Christ, excommunie Copernic et Luther, et déclare Washington et Franklin rebelles ? »

La Désobéissance civile (1849), trad. Nicole Mallet, Le Mot et le Reste, 2018

 

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