« Femmes », « filles », « minorité », « éducation sexuelle », « genre », « biais »… Autant de termes que l’administration Trump entend bien faire disparaître du débat public. De nombreux sites gouvernementaux, dont celui de la Maison-Blanche, en ont déjà été expurgés. Des milliers de pages d’information publiques sont réécrites, voire supprimées. Les scientifiques sont invités à effacer ces mots devenus tabous de leurs projets de recherche, s’ils veulent voir leurs financements fédéraux maintenus. Énième provocation d’un président ouvertement sexiste ? Le fait est que « sept ans après #MeToo, le backlash – ou “retour de bâton” réactionnaire – est bel et bien là », déplore la chercheuse Amandine Clavaud. Et si les avancées des dernières années sont incontestables, depuis le débat public autour du consentement jusqu’à l’inscription, en France, de l’IVG dans la Constitution, « le chemin est encore long, et il est aujourd’hui particulièrement périlleux », alerte la doyenne des féministes américaines Gloria Steinem dans nos colonnes.

Mais l’heure n’est pas au découragement


De fait, la lutte pour les droits des femmes a parfois des airs de rocher de Sisyphe. Chaque avancée arrachée de haute lutte semble être immédiatement contrebalancée, ailleurs, par une dégradation. Aujourd’hui encore, les Afghanes sont progressivement « effacées » par les talibans, qui leur interdisent de se déplacer, de s’instruire et, récemment, de se parler entre elles. Les Iraniennes, à l’instar de Mahsa Amini, risquent encore la mort ou la prison pour une mèche de cheveux. Sarah Abramowicz, gynécologue spécialisée dans la réparation de l’excision, témoigne : à peine est-on parvenu à faire parler de l’excision à l’échelle internationale que l’excision médicalisée remonte en flèche dans plusieurs pays africains. « Dès que l’on gagne une bataille, on recule sur un autre point », résume la médecin.

Mais l’heure n’est pas au découragement. Partout dans le monde, des femmes s’organisent, s’engagent, repoussent ensemble le lourd rocher qui menace à tout moment de les écraser. Au Mexique, Lydia Cordero lutte contre l’épidémie de féminicides. Au Soudan, déchiré par la guerre civile, Alaa Busati œuvre depuis des années pour la justice et la paix. Au Tchad, Hindou Oumarou Ibrahim soutient les femmes autochtones dans leur lutte contre le changement climatique, tandis qu’en Birmanie, Thinzar Shunleyi Yi brave la junte pour sauver la démocratie. Le 1 hebdo a voulu faire le portrait de ces résistantes qui défendent leurs droits et portent, aux quatre coins du monde, un nouveau projet de société. Et qui d’autre pour incarner cette lutte sans cesse renouvelée que la courageuse Ahou Daryaei, symbole de la révolte de toute une génération d’Iraniennes, immortalisée pour le 1 sous le pinceau de Joëlle Jolivet ? 

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