Il s’appelait Giko, c’était un chien-loup. L’autre ne s’appelait pas. C’était un chien perdu et noir qui accourait quand on criait « Black ! ». Un matin, Giko se pointa dans le jardin de mes grands-parents flanqué de ce cabot agile qui savait sauter en arrière et grimper à l’échelle, échappé d’un cirque peut-être. Nous étions à Dax, à l’orée de la grande forêt des Landes. Un ami de mon grand-père Marcel ne se consolait pas de la mort de son chien. Le bonhomme habitait loin dans la forêt. Mon grand-père fit monter Black dans son antique ­Panhard et prit la route pour le lui donner. Giko couinait, aboyait, grattait dans sa cabane où on l’avait enfermé le temps que l’auto s’éloigne. Le soir, quand mon grand-père libéra son chien-loup, il fila comme une flèche et disparut trois jours et autant de nuits. On le vit réapparaître un petit matin, fourbu et heureux, les coussinets de ses pattes en sang pourtant. Flanqué du chien noir qu’il était allé rechercher au diable. Notre Giko n’avait pas seulement un flair d’excep­tion. Il était fidèle en amitié. Black fut adopté. Et mon grand-père ne le regretta pas. Quand il s’endormait près de ses cannes à pêche, au bord de l’Atlantique, le chien noir l’alertait si un grelot s’agitait. Un jour que ­Marcel, un peu distrait, avait oublié son sandwich à la viande sur la jetée de Socoa (Pyrénées-Atlantiques), Black s’en saisit délicatement de la pointe des dents, babines retroussées, et le lui rapporta intact, prenant bien soin de n’y pas toucher. 

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