Nommer une maladie ou un virus est essentiel, pour les médecins comme pour les patients. Encore faut-il s’y prendre avec précaution. Dans le choix d’une appellation, l’Organisation mondiale de la santé recommande d’« éviter d’offenser des groupes culturels, sociaux, nationaux, régionaux, professionnels ou ethniques ». Pour ne pas stigmatiser des populations ou des animaux, on ne dit plus « grippe espagnole », mais H1N1, et la « vache folle » s’est muée en encéphalopathie spongiforme bovine. Seul Donald Trump s’applique à qualifier le Covid-19 de « virus chinois ».

Une maladie peut être baptisée selon ses symptômes, ses conséquences, l’organe qu’elle atteint ou le nom du chercheur qui l’a découverte. Le vocabulaire de la santé compte tout un palmarès : maladie de Parkinson, maladie de Charcot, bacille de Koch, syndrome d’Asperger… C’est en 1910 qu’est « née » la maladie d’Alzheimer, lorsque le célèbre neuropsychiatre allemand Emil Kraepelin a proposé de désigner ainsi un type de démence dégénérative décrite par son compatriote et ancien assistant Alois Alzheimer. Celui-ci avait étudié le cas d’une femme de 51 ans, Auguste Deter, admise en novembre 1901 à l’hôpital de Francfort pour des troubles cognitifs que l’on rencontrait d’ordinaire chez des personnes âgées.

Plutôt que d’être éternellement associé à une terrible maladie, Alzheimer aurait sans doute préféré donner son nom à un remède miracle pour la terrasser. Mais le destin a voulu qu’il meure prématurément des suites de complications rénales et cardiaques d’un rhumatisme articulaire aigu. À 51 ans. 

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