« Comme la Terre est lourde à porter », se plaignent les hommes. Ils se prennent pour des Atlas ou bien des fourmis… et empêchent la nature d’être elle-même. Dans un paysage de sa pampa natale, Jules Supervielle s’oublie un instant. Le poète disparaît ; le monde se tait. Comme le végétal végète mieux sans nous ! 

 

Disparais un instant, fais place au paysage,

Le jardin sera beau comme avant le déluge,

Sans hommes, le cactus redevient végétal,

Et tu n’as rien à voir aux racines qui cherchent

Ce qui t’échappera, même les yeux fermés.

Laisse l’herbe pousser en dehors de ton songe

Et puis tu reviendras voir ce qui s’est passé.

 

Les Amis inconnus © Éditions Gallimard, 1934

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