Depuis 1963, la « Division de la population » des Nations unies publie des projections de population. Le terme « projection » veut se démarquer de celui de « prévision », mais l’usage qu’on en fait est tout à fait similaire. Pour effectuer leurs calculs, les Nations unies rassemblent les projections faites dans chaque pays, les homogénéisent et comblent les vides. Le résultat est impressionnant : dans leur dernière mouture, datée de juin 2022, la population de chaque pays est estimée jusqu’en 2100, année par année, pour chaque âge et chaque sexe, selon trois scénarios, appelés « haut », « moyen » et « bas ».

On peut discuter les hypothèses retenues, qui portent sur la fécondité, la mortalité et les migrations à chaque âge et sexe dans chaque pays, mais tant que le futur n’est pas arrivé, on ne sait pas ce qu’elles valent. Comme la division de la population publie des projections depuis 1963 à intervalles assez réguliers, on peut cependant comparer celles effectuées dans le passé à ce qui a été réellement observé, qui est en général différent, voire très différent. Il n’y a là rien d’étonnant, mais la comparaison permet de s’interroger sur les raisons des échecs et sur la finalité des projections à long terme. Trois pays en sont emblématiques, l’Iran, le Niger et la France.

 

Iran : l’explosion a fait long feu

En 1994, la prévision moyenne de la population de l’Iran pour 2050 publiée par les Nations unies était de 163 millions d’habitants et les deux extrêmes, respectivement de 133 et de 203 millions. Or, depuis 1994, la population iranienne a toujours été en dehors de la fourchette prévue, donc inférieure à la projection basse.

En 2020, au lieu des 116 millions d’habitants attendus, on en a compté seulement 87 millions, u

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