Nous y sommes ! Un an et demi avant le terme du mandat, l’élection présidentielle revient dans toutes les têtes, du moins dans celles des états-majors politiques et d’une poignée de personnalités rêvant d’entamer une chevauchée équivalente à celle de Macron en 2017. Il n’est pas certain que les citoyens apprécient ce théâtre d’ombres, ces manœuvres de présélection des candidats aux règles fluctuantes depuis que les primaires ont plus ou moins fait faillite, et surtout de plus en plus anachroniques : que vaut la fantasmatique « rencontre d’un homme et d’un peuple » à l’heure où le collaboratif transforme nos modes de travail et d’existence ? Pascal Perrineau et Vincent Martigny analysent les raisons de cette asphyxie institutionnelle.

Notre monarchie présidentielle ressemble à une peau de chagrin. Les jours heureux du nouvel élu durent le temps d’un été. Le quinquennat utile ne cesse de se réduire sous la pression des événements et des oppositions. Les fins de mandat sont des casse-tête, immobilisme raillé ou réforme impopulaire. Quelle institution peut durablement supporter de se voir retrancher un tiers de son temps ? Et pourtant, ils rêvent tous de prolonger leur enfer élyséen, ce qu’au demeurant nul n’a réussi depuis 1974, sauf à disposer à Matignon d’un opposant cohabitant.

Il sera intéressant d’observer de quelle utilité sera Jean Castex pour Emmanuel Macron. Censé protéger le président sur son flanc droit, le nouveau Premier ministre, que nous décrit Frédéric Says, est un expert de la France lointaine, mais il devra surtout monter en première ligne de la bataille sanitaire et économique. C’est que la course élyséenne sera cette fois marquée par une pandémie mondiale qui menace notre appareil productif. Nul n’est capable de prédire ce que le Covid-19 modifiera : la prime à la nouveauté sera-t-elle pondérée par la nécessité de la compétence ? Lucile Schmid, intellectuelle engagée dans les combats écologiques, fait le rêve que ces 600 jours servent à refonder un contrat entre l’État et les Français, mais on doute que la menace de la récession aide à réconcilier l’emploi et le climat.

En tout cas, il y a urgence. Ancien ministre, Matthias Fekl s’inquiète de la violence et de la haine qui montent dans la société et dont les élus font les frais, pas seulement le premier d’entre eux – elles s’inviteront sans doute dans le cours de la campagne. Il décrit ainsi les affres d’un ancien responsable scrutant, du haut de sa colline, la plaine en feu. Son texte est un cri d’alarme. 

 

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