Les premières descriptions cliniques remontent à l’Antiquité mais l’intérêt porté aux conséquences des traumatismes sur la santé mentale est récent. Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est né de la rencontre de la psychiatrie issue du DSM (manuel diagnostic élaboré par l’Association américaine de psychiatrie à partir de travaux fondés sur les biostatistiques) et de la nécessité d’offrir des soins spécifiques aux vétérans de guerre du Viêtnam.

Le TSPT est considéré comme une maladie psychiatrique par l’ensemble de la communauté internationale – il y a désormais sur ce point une hégémonie de pensée. La multiplication des causes traumatiques individuelles et collectives lui donne une place centrale au-delà des pays occidentaux, par exemple dans des nations victimes de génocide (Cambodge, Rwanda…). Le TSPT regroupe un ensemble de caractéristiques dont l’existence commune est nécessaire pour conduire au diagnostic : altération dans le domaine de l’humeur et de la cognition, de l’éveil et de la réactivité ; reviviscence de l’épisode traumatique et évitement.

Ce diagnostic est le seul qui relie directement un trouble à un événement défini comme potentiellement traumatique (notion de mort imminente, atteinte à l’intégrité physique, mort violente…) que l’exposition ait été directe ou indirecte (pour un témoin…). Cette notion revêt une grande importance pour la reconnaissance des victimes. Selon le DSM, le diagnostic de TSPT est porté lorsque le trouble de stress aigu perdure plus de quatre semaines après l’événement traumatique, mais il peut aussi se déclencher jusqu’à une année plus tard.

La plupart des travaux épidémiologiques ont été réalisés aux États-Unis et font état d’une prévalence du TSPT de 5 à 12 % en population générale. En France, l’étude Impacts menée par Santé publique France non seulement sur les victimes des attentats de janvier 2015 (et leurs proches), mais aussi sur l’ensemble des personnes exposées à ces attaques (voisins, soignants, forces de l’ordre…) montrait l’importance des conséquences des actes terroristes : six mois après, quatre personnes sur dix présentaient encore des troubles de santé mentale.

Pour les populations pédiatriques, les études de grande ampleur sont plus rares, mais la reconnaissance du risque de trouble pour la santé mentale des enfants ainsi que de sa spécificité ne fait plus débat. En France, après l’attentat du RER B à Saint-Michel de 1995 s’est constitué un réseau national des cellules d’urgence médico-psychologiques, qui depuis intervient dans les heures suivant l’événement. Par la suite, l’importance des parcours de soins spécialisés pour les victimes a été reconnue grâce au rapport de Françoise Rudetzki sur la création du CN2R, puis à la constitution d’un réseau national des centres du psychotrauma en 2019. Le traitement du TSPT, qui doit s’inscrire dans le cadre des bonnes pratiques recommandées, utilise diverses approches : psychothérapie, thérapies corporelles, EMDR, apport pharmacologique… Pour déterminer les mieux adaptées, il est indispensable de procéder au préalable à une évaluation clinique des besoins de la victime.

Le TSPT est donc une entité clinique bien définie qui permet aux praticiens, aux chercheurs, aux experts, aux victimes de parler le même langage dans tous les pays. Au-delà des progrès que cela a engendrés, il ne faut pas oublier que chaque victime d’un traumatisme est une personne avec une histoire, un contexte de vie, une culture qui ne sont pas identiques. Chacune mérite un accueil individuel, une écoute, une prise en charge et un accompagnement au long cours. 

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