Né en 1981, Louis Chevaillier a été éditeur pendant treize ans, chez Folio et chez Phébus. Il est l’auteur d’Icare en transe (Gallimard, 2010) et de l’anthologie La Voix du poète (L’Aube, 2019). Membre du comité de rédaction du 1, il anime la rubrique « La voix du poète » depuis sa création. Le poème qu’il publie ici est extrait d’un recueil en cours d’écriture. 

 

Mais c’est vrai que des morts
Font sur terre un silence
Plus fort que le sommeil.
Guillevic


J’aimais bien le Carillon
Pour sa terrasse
Trois jours après les attentats
Il y avait des fleurs partout
Je pensais aux bières d’avant
J’ai presque marché sur une couronne
Sous le regard noir des touristes qui
Se recueillaient
Aujourd’hui l’île de la Cité bouclée
Les policiers sont bien sympas
Laisseront-ils passer les deux voilées
Pour accéder place Dauphine faites
Le tour par le Pont-Neuf
Une péniche affiche un drapeau français
Paris flotte mais ne coule pas
Un photographe japonais
Capte la campagne pub
D’un déodorant masculin
Devant les fourgons bleus qui forment
Un fer à cheval
Saint Louis paraît-il
Jugeait
Sous un chêne
Pour passer les cordons de sécurité autour du
Palais de Justice c’est bien pensé
Jamais l’apprenti terroriste ne songera
Au billet numérique pour la Sainte-Chapelle
On n’entend pas de l’extérieur
Le récit des massacres
Ni l’écho des portables
Qui sonnaient dans la poche
Des cadavres

 

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