« J’observerai seulement, sur l’emprunt, qu’autrefois on croyait bonnement qu’il était préférable à l’impôt et que le peuple élevait alors au plus haut degré de gloire les ministres emprunteurs. Mais que son erreur était grande ! Il le reconnaît aujourd’hui, et cinq milliards de dettes portant un intérêt de plus de cinq pour cent le lui rappellent sans cesse et l’en feront souvenir encore longtemps.

Aussi, Messieurs, excepté ceux qui ne calculent pas et qui ont partagé ou qui espèrent encore partager le bénéfice criminel de l’agiotage*, soutien du despotisme et de l’aristocratie, il n’est personne qui ne soit convaincu que l’emprunt a occasionné plus des trois quarts de la dette publique. S’il s’agissait d’établir auquel de l’emprunt ou de l’impôt on doit donner la préférence pour subvenir aux besoins de l’État, je n’aurais pas de peine à établir que, l’impôt étant la moindre charge des peuples dès qu’il pèse sur tous en proportion de la richesse de chacun, il doit être dorénavant la seule mesure que la Nation doive employer pour subvenir à ses besoins.

Mais ce n’est ni de l’impôt ni de l’emprunt qu’il s’agit en ce moment ; il s’agit des moyens de liquider la dette. »

* Spéculation malhonnête. 

Discours du député P.-F. Aubry-Dubochet, 4 septembre 1790 [Gallica.bnf.fr]