Ô des Muses la plus faconde,
Ma Calliope, conte-moi
L’influx des Astres, et pourquoi
Tant de fortunes sont au monde.
Discourant mille fois
Ensemble par les bois,
Émerveillés nous sommes
Des flambeaux de la nuit,
Et du change qui suit
La nature des hommes.
Chante-moi du Ciel la puissance,
Et des Étoiles la valeur,
D’où le bonheur et le malheur
Vient aux mortels dès la naissance.
Soit qu’il faille dès lors
Regarder que nos corps
Des mottes animées
Et des arbres crevés
Naquirent élevés,
Comme plantes semées :
Soit qu’on regarde au long espace
De tant de siècles empennés,
Qui légers de pieds retournés
Se suivent d’une même trace :
On connaîtra que tout
Prend son être et son bout
Des célestes chandelles,
Que le soleil ne voit
Rien çà-bas qui ne soit
En servage sous elles.
De là, les semences des fleuves
Sortent et rentrent dans la mer :
De là, les terres font germer
Tous les ans tant de moissons neuves :
De là, naissent les fleurs,
Les glaces, les chaleurs,
Les pluies printanières :
De là, faut que chacun
Souffre l’arrêt commun
Des Parques filandières.
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Poème proposé par LOUIS CHEVAILLIER et illustré par CHRISTELLE LABOURGADE