Un droit sans désir
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Sans peindre le futur en noir, un regard objectif sur le vote des jeunes éclaire les risques qui pèsent sur notre vie démocratique. La fougue citoyenne, en effet, n’habite guère les générations nouvelles. Certes, elles ne se désintéressent pas de la politique et même manifestent un réel intérêt pour elle – en 2012, 59 % des 18-24 ans, selon l’Ifop, déclaraient un fort intérêt pour la présidentielle contre 52 % dans l’ensemble de la population – pour autant, la jeunesse ne se rue pas aux urnes. Dans toutes les élections françaises récentes, le taux d’abstention des 18-24 ans est nettement supérieur à la moyenne nationale : 6,5 points de plus aux présidentielles de 2012, 7,3 aux municipales de 2014, 15 aux régionales de décembre 2015 !
La décrue continue de la participation depuis la fin des années 1970 – 24,9 points perdus en trente ans ! – est donc encore plus le fait des primo-électeurs. L’étude « Les jeunes et le vote » réalisée en juillet 2014 pour l’Anacej, l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes, identifie trois causes : les mensonges des politiques, des campagnes éloignées des préoccupations réelles et la malhonnêteté des élus. Des stéréotypes que l’on retrouve, il est vrai, dans tout l’électorat.
Pour les vaincre, un débat est ouvert sur le droit de vote à 16 ans. Toutes les enquêtes en témoignent : il n’y a pas de revendication des jeunes sur ce thème. Dans les faits, cependant, des travaux ont montré qu’une telle mesure doperait leur participation. Plusieurs pays européens, donc, la testent. En Allemagne, cinq Länder y recourent pour les élections locales et régionales. Au Royaume-Uni, les îles de Jersey, de Guernesey et de Man l’ont mise en œuvre, tout comme l’Écosse, en 2014, lors du référendum sur l’indépendance. Mais seule l’Autriche l’a généralisée. Avec succès en 2008 : 80 % des 16-17 ans votèrent aux législatives. En 2013, ils n’étaient plus que 63 % ! Et le 25 avril dernier, tous électeurs confondus, les Autrichiens plaçaient le représentant de l’extrême droite en tête du premier tour de leur élection présidentielle…
« Voter à 16 ans serait un bienfait démocratique »
Anne Muxel
Quels arguments sont mis en avant pour défendre le vote à 16 ans ?
D’abord lutter contre l’augmentation de l’abstention qui taraude nos vieilles sociétés démocratiques depuis une trentaine d’année…
L’avis des lecteurs
J’ai 16 ans et je suis en première S. Le débat autour du droit de vote à 16 ans est un sujet récurrent lors des cours d’EMC (l’éducation civique d’aujourd’hui) et les avis sont pour le moins partagés. C’est al…
[Âges]
Robert Solé
La réforme est passée comme une lettre à la poste au printemps 2024. Députés et sénateurs, unanimes pour une fois, ont abaissé l’âge du vote à 12 ans, avec un argument de bon sens : « Grâce à…
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