J’ai 16 ans et je suis en première S. Le débat autour du droit de vote à 16 ans est un sujet récurrent lors des cours d’EMC (l’éducation civique d’aujourd’hui) et les avis sont pour le moins partagés. C’est alors que se distinguent trois principaux groupes d’opinions : ceux qui n’en ont pas, ceux qui disent ne pas être assez mûrs pour avoir une opinion politique et ceux qui, comme moi, sont affolés, en voyant les taux impressionnants d’abstention, de ne pouvoir participer aux différents scrutins. Quand on voit que la majorité des jeunes ne vote pas ou presque jamais, on peut comprendre que pour certains politiques cela paraisse absurde de donner le droit de vote à des jeunes qui de toute façon n’iront pas voter. C’est pour moi une généralisation trop rapide. Nous sommes peut-être peu à penser, à notre âge, que le fait de voter est un acte important mais nous existons. Je pense que dès 16 ans nous pouvons, en nous informant, développer une opinion qui peut même être différente de l’opinion de nos parents. Alors pourquoi ne laisserions-nous pas le choix aux jeunes de s’inscrire ou non, dès leurs 16 ans, sur les listes électorales ?
Yann Ragoucy, 16 ans

Oui, il faut voter à 16 ans ! La législation actuelle est une injustice antidémocratique, et elle va à l’encontre du principe de l’égalité des droits de tous. À 16 ans, on a le droit de travailler mais pas de voter. Si on travaille, alors on paye des impôts. Or, le fait de payer des impôts est un devoir de citoyen. Il y a donc une contradiction. À 16 ans, on est pénalement responsable. Ainsi, les jeunes sont considérés comme responsables lorsqu’ils commettent des crimes, mais ils sont jugés irresponsables quand il s’agit de mettre un bulletin dans l’urne. Environ 1,5 million de Français ont 16 ou 17 ans. Ne pas leur donner le droit de vote, c’est les ignorer, les négliger et les oublier. La démocratie réunit un peuple entier et doit rechercher l’intérêt général. Comment est-ce possible si les jeunes sont écartés du débat public, alors même qu’ils sont concernés ? Aujourd’hui, la jeunesse est dépossédée de tout pouvoir politique et de moyens d’expression.
Benjamin Bornhausen, 17 ans

Éloi a 15 ans. On l’autorise à conduire mais il ne peut pas voter. Pourtant, il se sent concerné par l’Europe, l’accueil des migrants, le droit à un travail décent… Il n’a pas souvenir qu’en janvier 2015 on lui ait demandé son âge quand il manifestait son attachement à nos valeurs de liberté, un crayon à la main. L’école lui demande sans cesse de choisir son avenir. Mais en 2017, Éloi sera trop jeune pour choisir. Il accompagnera les « grands » dont la voix compte. La jeunesse ? Des paroles de campagne.
Trystan Bacon, 28 ans

Voter à 16 ans, oui, si en échange on donne un âge limite aux politiques pour se présenter. À 16 ans on vote sûrement comme ses parents, mais on vote, et c’est déjà pas mal. Je préfère un jeune qui vote mal à un jeune qui ne vote pas.
Quentin Cherrier, 31 ans 

Le vote à 16 ans n’est pas envisageable. J’ai moi-même 16 ans aujourd’hui et je pense qu’à cet âge notre réflexion et notre jugement ne sont pas encore fondés. La plupart des jeunes qui votent à 18 ans ne sont même pas au courant des différents partis ou du système politique français, nous sommes très facilement influençables et nous pouvons partir très vite avec une idée fixée en tête. Le vote ne doit pas être autorisé avant 18, si ce n’est 21 ans. Pour voter nous devons saisir parfaitement les enjeux de notre voix et des élections ; à 16 ans, très rares sont les jeunes conscients de l’importance de la politique en France.
Mathilde Gadeyne, 16 ans

Pour Arthur Rimbaud, « on n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans ». Alors, pourquoi abaisser le droit de vote à 16 ans, quand 64 % des 18-25 ans n’ont pas voté au premier tour des dernières législatives ? La plupart des jeunes n’ont pas toutes les cartes en main pour choisir au mieux leurs élus, et je parle en tant que lycéenne de dix-huit ans qui ne sait même pas où est sa place sur l’échiquier politique.
Manon Maria, 18 ans

Je ne suis pas pour le vote à 16 ans. Il faut laisser les jeunes se construire une conscience politique. Il faudrait qu’ils puissent avoir un enseignement de base en philo, en économie et en histoire avant d’aller voter.
Dany Descamps, 65 ans

 

 

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