Depuis 1945, le nombre des États a quadruplé, en raison de la décolonisation et de la fin de la guerre froide. La carte du monde s’est couverte de frontières. Elles ne sont pas toujours logiques, mais on se garde d’y toucher. Le droit international repose sur ces limites étatiques qui servent la paix bien plus qu’elles ne provoquent la guerre.

Les cartographes devraient dessiner les frontières en pointillé. Ne sont-elles pas des passoires ? Selon les agronomes, une vingtaine d’espèces d’insectes exotiques s’établit en Europe chaque année. C’est dû au réchauffement climatique, mais surtout à la mondialisation. La plupart de ces invertébrés arrivent en effet dans les marchandises. Sans visa. Et, pour les reconduites à la frontière, on peut toujours rêver…

La plupart des voyageurs font comme les insectes : ils arrivent par le ciel. C’est surtout dans les aéroports que les douaniers contrôlent les entrées. La frontière n’est plus nécessairement… à la frontière, mais au cœur du pays. Déterritorialisée, elle utilise des outils de surveillance de plus en plus performants : identification biométrique pour les individus, puces électroniques pour les marchandises, bases de données interconnectées pour les flux financiers… Cette surveillance « intelligente » se poursuit après le passage à la douane, quand elle ne le précède pas : l’identité des occupants d’un avion comme le contenu des conteneurs sont connus avant même leur débarquement. Mine de rien, en pointillé, la frontière est d’une efficacité redoutable. Ce qui passait pour une passoire ne laisse rien passer. À l’exception des insectes et, bien sûr, des virus quand ils se glissent dans le souffle de voyageurs au-dessus de tout soupçon. 

 

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