Pour peu que nous ne soyons ni migrants ni clandestins, nous avions perdu l’habitude des frontières. Il y a encore quelques semaines, on se déplaçait en Europe aussi librement que dans son propre pays. Nous vivions dans un monde de mobilités, de mobilités exaspérantes souvent : la promiscuité des transports en commun, les bouchons sur les routes, l’agitation ininterrompue... Il n’y avait pas d’autres freins à la mobilité que nos désirs et nos ressources.

Aujourd’hui, nous avons rétabli des frontières et des passeports partout. Et d’abord des frontières et des distances entre chacun de nous afin de nous protéger en protégeant les autres puisque nous sommes tous dangereux et tous en danger. Le monde sans frontières a été remplacé par un maillage de frontières qui dessine des clivages subtils en fonction de ce que les statistiques de santé publique nous disent du risque d’être infecté, de transmettre le virus, d’être malade et de mourir.

Le premier de ces groupes est celui des personnes âgées, des vieux, progressivement enfermés et protégés par des frontières. Enfermés dans les Ehpad ou chez eux, ils sont préservés de tout contact avec l’extérieur pour se protéger et, plus encore, po

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