La devise d’Apollinaire est « J’émerveille », mais le poète est aussi un rat de bibliothèque. S’inspirant de lettres apocryphes, il imagine la réponse de Cosaques ukrainiens à l’envahisseur Mehmed IV, au xviie siècle. De quoi symboliser l’insolente liberté des Zaporogues… et la résistance actuelle du peuple ukrainien. 

Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d’immondice et de fange
Nous n’irons pas à tes sabbats

Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D’yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique

Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments

Extrait de « La Chanson du mal-aimé », Alcools, Mercure de France, 1913

 

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