Il existe des lieux qu’il suffit de nommer pour avoir envie de les rejoindre : Valparaiso, Baalbek, Zanzibar, Tombouctou, Syracuse, etc. Poésie des toponymes où se concentrent trois aventures : l’aventure géographique, l’aventure humaine et l’aventure des mots. Tanger appartient à ce cercle singulier de cités qui semblent nous attendre et même nous appeler. 

Puissance de l’imaginaire. Aragon pensait que nous nous créons des pays -légendaires qui deviennent l’exil de nos cœurs. Lors de ma première visite à Tanger (j’avais 35 ans), j’ai compris dans la seconde que cette ville est un roman et qu’elle serait l’un des exils de mon cœur. 

Tanger, ses deux mers et son ange du bizarre, ses guirlandes d’arômes, le théâtre de la rue, hommes en burnous, paysannes -rifaines, vendeurs de péché à la sauvette, les maisons du cap Spartel, ses demi-solde ou enfants gâtés du monde moderne, écrivains, peintres ou rock stars. 

Aujourd’hui encore, se promener dans la ville, rencontrer ses personnages, contempler les rives du Détroit où coulent les eaux de deux mers comme un grand fleuve de tristesse et d’espérance, c’est tourner les pages d’un excellent roman contemporain. La ville a explosé, mais la réalité y dépasse toujours la fiction, sur fond de rencontre entre Orient et Occident. Bonne lecture ! 

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