Sortilège de l’ambivalence…
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Quand j’ai vu Conchita, j’ai repensé à Michael. Rien à voir me direz-vous ! Un peu quand même. Nous avons vécu avec Michael Jackson plusieurs décennies et nous avons assisté en direct à sa mue. Il nous reste l’image attachante d’un petit chanteur noir devenu crème, puis presque blanc une fois passé l’âge adulte. Un tour de passe-passe aussi énigmatique que son pas glissé de mime : le fameux moonwalk.
Et puis nous avons vu son visage s’affiner. Il avait conservé la blessure d’enfance du surnom dont son père l’avait gratifié : « Gros-Nez ». Il s’employait à le mincir, à se « jivariser » à coups de scalpel. Au point de n’avoir plus de nez. Il consommait la chirurgie esthétique comme un enfant avale des bonbons. Il rêvait de jeunesse perpétuelle. On le croyait tour à tour pur, pervers, pédophile. Lui se mariait et attendait des enfants…
Sur scène, il jouait les vierges, longue mèche effilée sur l’œil, tout en se déhanchant, main gantée sur le sexe. Sortilège de la voix, du rythme, de l’ambivalence. Les chanteurs, ces saltimbanques, ont toujours su jouer avec nos nerfs et nous emporter au-delà de nos frontières. Ce sont nos précurseurs : David Bowie, prodige à la voix d’au-delà, bisexuel revendiqué en Europe, hétéro ailleurs ; Freddie Mercury, star virile venue de Zanzibar, sacrifié sur le front du sida ; jusqu’à notre Conchita Wurst, reine de l’Eurovision 2014, travesti de marketing, femme à barbe sublime, forcément sublime quand l’effroi de la différence devient fascination.
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