De nombreux travaux ont étudié les mécanismes conduisant les personnes à donner une interprétation variable aux questions qui leur sont posées. Le sexe, pense-t-on, échappe à ce retour de bâton de la réalité et apparaît comme l’un des meilleurs candidats à l’objectivité : on naît homme ou femme, et on le reste.

Et pourtant. L’hermaphrodisme et l’intersexualité viennent ébranler cette certitude. Des êtres humains naissent sans que leur classement en garçon ou fille soit une évidence. Les raisons sont multiples (chromosomiques ou hormonales), mais aboutissent toutes à rendre poreuse la frontière entre hommes et femmes.

Quelle est l’importance de ce phénomène ? La question est au cœur de vives controverses. La difficulté tient à la variété des cas, décrivant un long continuum entre les idéaux-types masculins et féminins, définis à partir d’un faisceau d’indices (équilibre hormonal, forme des gonades, anatomie) pas toujours convergents. Les experts bataillent pour poser des frontières dans ce vaste territoire. Les estimations du nombre de nourrissons concernés à la naissance varient de 1 à plus de 17 pour 1 000, selon les sources et les auteurs. 

La fourchette est large et interroge : des travaux s’attachent depuis longtemps à quantifier le rapport des sexes à la naissance, en faveur des garçons. Quasi-invariant historique et géographique, pour 1 000 naissances, on compte une dizaine de garçons de plus que de filles. L’ordre de grandeur est très proche du précédent et crée le doute : quel est l’impact de la prise en compte de l’intersexualité dans le calcul de ce rapport des sexes ?

Vous avez aimé ? Partagez-le !