Le soir du 14 février, je suis rentré à 19 heures. Une cigarette au bec, accoudé à la rambarde branlante de ma fenêtre, j’ai pris cinq minutes pour oublier ma journée de travail.

– Azad, vous ne devriez pas fumer, c’est mauvais pour votre santé.

Sa dernière mise à jour avait donné à Yukio des airs de père la morale, qui me chatouillaient les nerfs jusqu’à faire naître l’envie de l’attraper par les pieds pour fracasser sa carcasse plastique contre les murs.

– Votre rambarde est endommagée, voulez-vous la changer ?

– Tu ne vas pas me le demander tous les jours ! Non !

– Êtes-vous sûr ? Vous pourriez tomber.

– Oui !

Dès que la sécurité physique était en jeu, Yukio était programmé pour poser deux fois les questions. Une parade du fabricant pour s’éviter les poursuites en cas d’accident.

Dans sa première version, il parlait sa langue d’usine, le japonais, mais aussi l’anglais, le français, l’allemand, au total une trentaine de langues, et même le yiddish ! Un bonheur pour les touristes qui louaient notre studio sous les combles. Je l’ai habillé d’un kimono et prénommé Y

Vous avez aimé ? Partagez-le !