Parler de la révision du régime des retraites comme d’un enjeu politique majeur tient de l’euphémisme. Alors qu’une énième réforme est proposée par l’exécutif (la huitième en vingt-cinq ans, depuis la première conduite par Édouard Balladur de 1993), le gouvernement craint l’explosion de colère sociale. Est-ce le souvenir de la réforme manquée des régimes spéciaux voulue par Alain Juppé et brisée par un vaste mouvement de grève en décembre 1995 ? La crainte de coaliser les mécontents, les jeunes ne comprenant pas pourquoi ils devraient financer un régime de redistribution dont ils pensent ne jamais profiter ; les plus âgés et les plus fragiles redoutant une baisse du niveau de redistribution ? Probablement un peu de tout cela. À quoi il faut encore ajouter le risque politique qui consiste à s’attaquer à un pilier de l’État-providence auquel les Français sont passionnément attachés, mais dont le coût représente à lui seul plus de 13 % du PIB français, la moitié des

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