La retraite, pendant des siècles, n’eut rien à voir avec la pension qu’on touche après une vie de labeur. C’était un espace-temps réservé à quelques privilégiés. À un moment de leur vie, généralement sur la fin, ils choisissaient de s’éloigner du monde, de ses intrigues et de ses combats, gagnaient un refuge paisible et si possible isolé, où ils cherchaient à s’inventer un bonheur rien qu’à eux – le terme anglais pour « retraite », « retirement », conserve la mémoire de ce mouvement de fuite vers une marge où l’individu risquait une échappée loin de la vie collective. Il y fallait de l’argent. Les premiers à tenter l’expérience, au Ier siècle avant Jésus-Christ, furent des membres de l’élite romaine. Las des guerres civiles et du furieux business politico-mafieux qui menaçait leur république, ils se replièrent dans leurs domaines campagnards. Ils y goûtaient, proclamaient-ils, un plaisir aussi neuf qu’ineffable : celui de disposer librement de leur temps, l’otium, comme ils le nommaient, par oppos

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