Quotidienne

« Peut-être », par Michel Pastoureau

Marie Deshayes, journaliste

Michel Pastoureau, historien

L'historien aime cet adverbe qui vient, selon lui, nuancer l'expression de la pensée et amener une note d'espérance. Adolescent, il avait fait sienne cette devise : « Fortasse cras », « Demain peut-être ». 

« Peut-être », par Michel Pastoureau

Je me souviens qu’au lycée, on avait dû voter pour le mot le plus beau de la langue française. J’avais choisi « évanescence », que je trouvais magnifique. Je devais être dans ma période poétique. 

Mais aujourd’hui, je souhaitais parler de « peut-être ». J’aime les adverbes et les adjectifs, qui en général sont dénigrés. Je trouve qu’ils apportent de la nuance et qu’ils aident à lutter contre la simplification de l’expression de la pensée et de la langue. On le voit dans l’expression d’opinions, politiques ou non : les certitudes remplacent le doute, et cela me semble très dangereux. Cela conduit à se battre. J’ai l’impression que sur un problème un peu complexe, il faut peser tous les arguments, introduire du « peut-être ». Du point de vue idéologique et politique, j’ai toujours pensé qu’un homme ou une femme normalement constitué pense plutôt comme ci par rapport à certains problèmes, mais plutôt comme cela pour d’autres, un peu progressiste par-ci, conservateur par-là. On a l’impression que les gens ne raisonnent plus comme cela et qu’ils ne lisent plus des journaux avec lesquels ils ne sont pas d’accord. Autrefois, c’était le B.A-BA, pour se rendre com

07 mars 2022
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