Quotidienne

Censure en Iran : comment les cinéastes « font comprendre sans montrer l’interdit »

Asal Bagheri, professeure

Florian Mattern, journaliste

L’équivalent des Césars en Iran a eu lieu en février. L'occasion de se poser la question de la place qu'occupe le septième art dans la République islamique, avec Asal Bagheri, sémiologue et enseignante. 

Censure en Iran : comment les cinéastes « font comprendre sans montrer l’interdit »

Avec la sortie en salles récemment de La loi de Téhéran de Saeed Roustayi (1) et Un Héros de Ashgar Farhadi, qui ont fait respectivement 150 000 et 200 000 entrées en France, le cinéma iranien continue de s’imposer comme un cinéma étranger important sur la scène française. 

Retour aujourd’hui sur la place du septième art dans la République islamique d’Iran avec Asal Bagheri, spécialiste du cinéma iranien et enseignante à Cergy-Paris Université. 

Comment fait-on du cinéma en Iran aujourd’hui ? 

Le cinéma iranien est sous le coup d’une censure très stricte, fixée par les lois de la République islamique. Le comportement des gens, leurs tenues, leurs relations, tout cela est très réglementé. Les cinéastes doivent s’adapter, trouver des astuces pour montrer la vie privée des individus, notamment la vie des femmes, mais aussi l’amour charnel. L’enjeu du cinéma iranien qui évolue sous cette supervision n’est pas de faire du vrai mais de faire du vraisemblable. Au fil du temps, les cinéastes ont pu développer une grammaire contre la censure pour contourner les interdictions, faire comprendre sans montrer l’interdit. 

Qu’est-ce que ces lois censurent concrètement ?

La censure s’applique à plusieurs niveaux, sur la représentation de la vie privée mais aussi de la vie politique. En ce qui concerne la vie privée, la représentation de la femme et des relations homme-femme sont très précisément encadrées. Même s’il y a eu des progrès depuis la Révolution islamique de 1979, le code vestimentaire féminin reste strict : la femme à l’écran est toujours voilée. Il a l…

23 février 2022
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