Quotidienne

Pauline Croze : « Quand je pars sans ma guitare, je me sens toute nue »

Marie Deshayes, journaliste

Pauline Croze, musicienne

Chaque vendredi de l’été, un artiste livre au 1 les ingrédients de ses étés particuliers. Aujourd’hui, la chanteuse Pauline Croze nous parle d’effluves de lavande, de polars pas trop violents et de l’objet qui ne la quitte pas.

Pauline Croze : « Quand je pars sans ma guitare, je me sens toute nue »
© Julie Trannoy

Pour vous, l’été, c’est plutôt création ou mode avion ?

J’essaie de ne pas travailler, mais je ne peux pas m’empêcher de prendre ma guitare avec moi. Ce n’est pas une période de création, mais j’ai quand même besoin de l’avoir à proximité, ne serait-ce que pour jouer des chansons qui me plaisent, surtout des reprises, mais pas forcément pour être dans une étape de création ou de recherche. C’est très ludique, le morceau est déjà composé, on n’a pas à chercher tel ou tel accord, on a juste à se faire plaisir en tant qu’interprète, sans pression.

J’ai vraiment besoin de chanter, c’est plus fort que moi. J’ai besoin de vivre physiquement une mélodie. J’ai besoin de prendre ma guitare entre mes mains. Il y a quelque chose de très physique et très instinctif. Quand je pars sans ma guitare, je me sens toute nue.

Vous avez joué aux Francofolies de La Rochelle cet été, en plus d’autres dates. Est-ce vraiment une saison propice au repos, la saison des festivals ?

C’est vrai que je ne suis pas forcément dans un état d’esprit de vacances. Aujourd’hui, je répétais pour mon prochain concert, puis je me suis mise à composer autre chose. J’aime bien être en vacances plus tard, à l’automne.

Quel souvenir d’enfance associez-vous aux vacances d’été ?

Je passais très souvent mes vacances près de Royan, en Charente-Maritime. J’ai acheté une maison qui appartenait à mes grands-parents.

J’y allais tous les étés jusqu’à 16-17 ans. C’est plein de beaux souvenirs d’enfance, de plage, de balades avec ma mère… À Saint-Palais-sur-Mer, dans une rue piétonne, il y avait un petit magasin de bijoux devant lequel on passait très souvent après s’être baigné. J’ai encore le souvenir de cette vitrine avec plein de très beaux bijoux en argent, en or, en coquillages, qui prenaient le soleil, c’était brillant, chatoyant. Je n’en achetais jamais, je préférais rêver devant.

Un objet pour vous qui représente l’été ?

Une pince à crustacés, pour casser les tourteaux, les fruits de mer un peu résistants ! J’adore manger, je suis quelqu’un de très gourmand et très gourmet. Des fruits de mer avec un petit vin léger, ça m’évoque vraiment les vacances. J’ai même appris à ouvrir des huitres, je n’avais plus envie d’être dépendante des autres pour pouvoir en manger !

Une odeur qui vous rappelle l’été ?

La lavande. Quand j’étais petite, je montais dans un club équestre dans la Drôme provençale. C’est une région dans laquelle j’ai de très beaux souvenirs d’enfance. Dans ce club, j’étais très libre, on montait sans selle… Quand on partait faire des balades en fin d’après-midi, il faisait une chaleur incroyable, et les champs de lavande embaumaient, avec cette senteur très poivrée, enivrante et délicate. C’était très sensuel. Aujourd’hui, quand je stresse ou que je suis un peu angoissée, j’en utilise en huile essentielle parce que ça me détend et ça me rappelle ce souvenir-là, c’est très efficace chez moi.

Une chanson qui symbolise l’été pour vous ?

Dans ce centre équestre où j’allais quand j’avais 7-8 ans, toute l’équipe était très fan des Beatles. Le matin, en reprise, quand on faisait des exercices en carrière ou en manège, il y avait les Beatles à fond. C’est une musique qui m’a vraiment bouleversée. Même maintenant, quand j’en écoute, ça me fait quelque chose de très fort que je ne ressens pas avec les autres artistes.

« J’ai besoin de vivre physiquement une mélodie »

Si je devais en choisir une qui représente cette période, ce serait Ticket to Ride : un ticket pour partir, et pour monter à cheval (« ride a horse »).

Quel livre aimeriez-vous emporter cet été ?

J’aime beaucoup les polars à l’ancienne, comme ceux de Charles Exbrayat, des années 1950. Il y a un ton, un humour très particulier. J’aime bien, parce que ce sont des polars sans violence. Il y a des crimes ou des disparitions, mais c’est toujours traité sans effusion et avec beaucoup de flegme. Ce n’est pas du James Elroy, où on est dans des choses très sombres et où il faut avoir le cœur bien accroché.

Quelle est la dernière carte postale que vous avez envoyée ?

Quand je suis dans un endroit en vacances, je prends des photos et je les envoie directement depuis mon téléphone. Je n’ai pas forcément le réflexe d’aller acheter une carte postale. La dernière que j’ai envoyée, c’était à mes parents, il y a quinze ou seize ans, quand je suis partie jouer au Chili pour mon premier album... Ça remonte !

 

Propos recueillis par MARIE DESHAYES

 

Bio express

Auteur, compositeur, interprète, guitariste, Pauline Croze s’est fait connaître avec son premier album sorti en 2005, comprenant le titre T’es beau. Son sixième album, Après les heures grises, est sorti en octobre 2021. 

 

Cet interview a été réalisé dans le cadre des Francofolies de La Rochelle, dont le 1 est partenaire

12 août 2022
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