Quotidienne

Aldebert : « Le Hellfest, mon pèlerinage de l’été »

Marie Deshayes, journaliste

Guillaume Aldebert, musicien

Le chanteur, en tournée cette année pour le quatrième opus de ses Enfantillages, nous livre les ingrédients d’un été réussi à ses yeux – ne lui parlez pas de plage – et ses souvenirs de jeunesse, entre Rimini et Besançon.  

Aldebert : « Le Hellfest, mon pèlerinage de l’été »
© Y. ORHAN & F. BEGU

L’été, pour vous, c’est plutôt création ou mode avion ?

Ce n’est pas vraiment une coupure franche comme pour ceux qui ont un travail normalement structuré. J’ai besoin de garder un lien avec ce que je suis en train d’écrire ou de créer. Je ne suis pas du tout dans l’idée de la contrainte, du turbin ou du labeur. Je sais que j’ai beaucoup de chance de faire un métier qui me plaît, d’autant plus que ça fait des années que ça dure. J’ai besoin d’écrire des chansons, d’écrire des histoires. J’ai besoin d’aller faire le zozo sur scène. C’est beaucoup de travail, évidemment. Mais quand il y a l’envie et la motivation, ça se passe bien !

Quels souvenirs d’enfance associez-vous aux vacances d’été ?

J’ai pas mal de souvenirs en Italie avec mes parents, du côté de Rimini. C’est un mélange de bons moments… et de moments d’ennui.

De manière générale, j’ai un peu de mal avec les vacances à la plage, je suis plus quelqu’un de la montagne. La mer m’angoisse un peu, parce que c’est plat, c’est infini… J’habite dans un pays assez vallonné, le Doubs, près de la Suisse et des premières stations de ski ; je me suis peut-être visuellement habitué à ça et j’ai besoin de cet environnement-là.

Avec mes copains, on faisait des batailles avec les résidences d’à côté, comme dans La Guerre des boutons

Je garde un grand souvenir aussi de cabanes dans les arbres, que l’on construisait tous les jours. J’ai dû commencer vers 7 ans. J’habite à côté d’une forêt et j’y ai beaucoup vécu. Mes parents habitaient dans un petit appartement à côté de Besançon, dans un immeuble qui jouxtait une forêt. Avec mes copains, on faisait des batailles avec les résidences d’à côté, comme dans La Guerre des boutons. On se lançait des pétards, on avait des épées, on se déguisait en ninja, on fabriquait des herses… C’est cette empreinte que j’ai gardée des vacances. Ce sont des souvenirs beaucoup plus forts, finalement, que ces journées à la plage !

Vous consacrez d’ailleurs une chanson à la plage dans votre album L’Année du singe. Lieu d’un amour de jeunesse contrarié…

J’ai vécu des moments comme ça où, adolescent, je n’arrivais pas à me trouver de copine. Sur la plage, je voyais des mecs gaulés comme des maîtres-nageurs, qui emballaient à fond. Et les filles aussi. Moi, j’étais tout seul sur ma serviette, dans un contexte pourtant merveilleux, avec un ciel bleu… en plus je savais jouer de la gratte ! Mais ça ne marchait pas. Cette chanson, c’est un peu l’histoire d’un Jean-Claude Tergal (1) à la plage !

Un lieu en particulier qui vous évoque l’été ?

Il y a un endroit et un moment qui, depuis dix ans, marque vraiment le début de l’été pour moi : le Hellfest, à la fin du mois de juin. C’est un déclencheur qui ouvre sur l’été de façon très puissante. C’est mon pèlerinage.

Le Hellfest, c’est à des années-lumière des Enfantillages !

Pas tant que ça. J’ai croisé beaucoup de familles là-bas. Je fais souvent des clins d’œil sur scène au metal et j’ai des projets qui s'en inspireraient. Le metal, pour moi, est vraiment lié à l’enfance parce que c’est quelque chose de très énergique, sincère et authentique. Et puis cette envie de se déguiser, de faire le fou, cette liberté, ce côté un peu transgressif… Pour moi, c’est proche de l’enfance.

Le metal est une catharsis incroyable. On explose par le son, par la puissance musicale

Les enfants comme les adultes ont besoin de se défouler. Il y a plein de façons de le faire, mais le metal est une catharsis incroyable. On explose par le son, par la puissance musicale, mais pas du tout par une attitude violente.

Quelle odeur vous évoque l’été ?

Il y en a plusieurs : les odeurs de barbecue, de pelouse tondue, de chlore de piscine, l’odeur du goudron le soir, quand il a fait 40 degrés toute la journée... Ce sont des petites madeleines odorantes de l’enfance.

Quelle chanson associez-vous à l’été ?

Il y a une qu’on écoute en boucle en ce moment avec mes enfants, c’est un peu notre tube de l’été : Wellerman, du groupe vocal The Trills. On écoute aussi beaucoup un groupe de metal parodique, Ultra Vomit.

Quel livre aimeriez-vous emporter cet été ?

Je suis en train de lire l’autobiographie du chanteur du groupe de metal Judas Priest, Rob Halford. Et je voudrais emporter plein de bandes dessinées, notamment Ils sont partout. Voyage au bout du conspirationnisme (du dessinateur Morgan Navarro et des scénaristes Jacky Schwartzmann, Valérie Igounet). C’est à la fois très drôle et angoissant.

Mon problème, quand j’entre dans une librairie, c’est que je ressors avec dix bouquins, je les empile et je n’arrive pas à être à jour. Donc là, je sais que je vais emporter dix BD et je vais en lire qu'une – parce que les vacances avec trois enfants, ce n’est pas forcément des vacances… c’est autre chose.

Quelle est la dernière carte postale que vous avez envoyée ?

J’en ai envoyé une de Nouméa à la nounou de mes enfants, quand on était en tournée en Nouvelle-Calédonie en avril-mai. Mon aîné, Charlie, avec qui je suis parti parce qu’il chante sur scène, aime bien acheter des cartes postales, mettre le timbre, écrire, à l’ancienne. C’est comme mettre des vinyles. Il y a un geste, une mécanique sympa.

On s’amuse parfois aussi entre copains à s’envoyer des cartes postales épouvantables, avec des chatons ou des bords de mer pas du tout naturels, oranges ou roses. Ce sera à celui qui enverra la pire…

 

(1) Antihéros de la bande dessinée de Tronchet, éternel malheureux en amour.

 

Propos recueillis par MARIE DESHAYES

 

Bio express

Auteur, compositeur et interprète, après six albums de chansons dites « pour adultes », Aldebert ouvre son répertoire aux enfants à partir de 2006. Ses quatre albums Enfantillages fédèrent les artistes de tous horizons (on compte plus de cent collaborations) ainsi que les familles autour de thèmes variés et de couleurs musicales sans cesse renouvelées. 

 

Cet interview a été réalisé dans le cadre des Francofolies de La Rochelle, dont le 1 est partenaire

 

29 juillet 2022
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