Quotidienne

« Comment les Français s’informent-ils ? »

Marie Deshayes, journaliste

Tous les jeudis, le 1 sélectionne l’une de vos questions. Cette semaine, nous répondons à une lectrice qui se demande par quels moyens les Français s’informent-ils le plus, et s’ils s’informent plus qu’avant… 

« Comment les Français s’informent-ils ? »

Par quels moyens les Français s’informent-ils le plus ? Et s’informent-ils plus qu’avant ?

virginieadvocat, via Instagram



Félicitations, chère lectrice du 1. Si vous avez posé cette question, c’est que vous faites a priori partie des 51 % des Français déclarant s’intéresser à l’information – ils étaient 63 % en 2017. C’est l’un des chiffres qui ressort de l’enquête de référence sur les manières dont le public s’informe, le Digital News Report, réalisé chaque année par le Reuters Institute for the Study of Journalism. 

Dans la même mouvance, on constate l’émergence d’un nouveau phénomène : « l’évitement informationnel ». En clair, de plus en plus de Français (36 %) affirment qu’ils évitent de s’informer, soit parce que cela a un impact négatif sur leur humeur, soit parce qu’ils se sentent impuissants à la lecture de ces actualités, soit parce qu’ils estiment que l’information telle qu’elle est écrite est trop compliquée à comprendre. Pour couronner le tout, la France est l’un des pays où la confiance dans l’information et les médias est la plus faible (29 %, contre 69 % en Finlande)… Seulement 21 % et 19 % des sondés pensent que les médias sont indépendants de l’influence politique ou commerciale, respectivement. Dans ce sombre tableau, la presse régionale s’en sort nettement mieux (ils inspirent confiance pour 58 % des Français) que BFM TV, suscitant davantage de méfiance que de confiance (40 % contre 37 %). 

Les Français retrouvent de l’intérêt à s’informer lorsqu’un événement inédit et soudain surgit

Entre les Français et les médias, le divorce serait-il consommé ? Un constat à nuancer. Les actualités prévisibles comme l’élection présidentielle semblent créer un peu de lassitude chez les Français interrogés, écrit dans ce rapport Alice Antheaume, directrice exécutive de l’École de journalisme de Sciences Po Paris. Mais ils retrouvent de l’intérêt à s’informer lorsqu’un événement inédit et soudain surgit, comme l’irruption dans l’actualité de la guerre en Ukraine. 

Parmi les multiples façons de s’informer, laquelle préfèrent les Français ? L’édition 2022 de cette étude montre que le recours à l’information numérique, incluant les réseaux sociaux, dépasse dorénavant la télévision, qui reste tout de même bien installée en France, avec en tête des consultations le groupe France Télévisions, puis BFM TV et TF1. 

La presse écrite, comme ailleurs, continue sa lente érosion : en 2013, près de la moitié des personnes interrogées disaient lire la presse toutes les semaines, contre 15 % aujourd’hui. Le matin, allumer la télévision (27 %) et la radio (23 %) reste un rituel fort pour les Français, sans parler du réflexe smartphone au saut du lit (25 %). 

Seulement 11 % des sondés acceptent de payer pour lire l’information en ligne

En revanche, seulement 11 % des sondés acceptent de payer pour lire l’information en ligne, ce qui interroge dans un contexte où la volonté d’éviter les fausses informations reste stable. Lemonde.fr est le premier site d’information à dépasser les 400 000 abonnés numériques tandis que le pure-player Médiapart et son modèle de journalisme d’investigation financé par les lecteurs compte désormais près de 215 000 abonnés. Le Figaro fait état de 400 000 abonnés, dont 250 000 uniquement numériques, une augmentation de 20 % depuis 2020.

Ces lecteurs de presse en ligne le sont aujourd’hui majoritairement sur leur téléphone mobile (66 % aujourd’hui contre 24 % en 2013). Bonjour smartphone, adieu poste de radio : l’audio n’échappe pas à la digitalisation des usages. Aujourd’hui, près de la moitié de la consommation audio se fait via Internet (48 %), essentiellement sur smartphone, nous dit une récente étude de Médiamétrie.

Concernant la lecture d’information en ligne, une autre étude réalisée par la fondation Descartes pendant un mois montre que 3 % du temps total passé sur Internet par l’ensemble des participants l’a été sur des sources d’information, ce qui correspond à un peu moins de 5 minutes par jour de connexion à Internet. À titre de comparaison, 4 % l’a été sur des sites de pornographie ; la plus large partie du temps (28 %) étant consacré au divertissement, audio, vidéo ou streaming. 

Cela fait donc un certain nombre de raisons, chère lectrice, de vous féliciter d’être allée au bout de la lecture de cet article sur le site ou l’appli du 1 !

 

Illustration JOCHEN GERNER

 


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Tous les jeudis, le 1 se propose de relayer les questions qui vous préoccupent en cherchant les spécialistes qui y apporteront la réponse.

Pour nous contacter, écrivez-nous sur cette adresse : vosquestions@le1hebdo.fr
N’oubliez pas de préciser votre prénom, nom, âge et adresse !

 

04 août 2022
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