Le zombi, l’anthropocène et Prométhée
Tous les dimanches, le 1 vous propose les bonnes feuilles d’essais récents ou à paraître. Aujourd’hui, L’écologie, champ de bataille théologique, du pasteur, théologien et militant écologiste Stéphane Lavignotte.
Dieu est-il écolo ? C’est, en résumé, la question que pose Stéphane Lavignotte dans son essai à paraître le 11 mai, L’écologie, champ de bataille théologique (Textuels).
Dans cet ouvrage, le pasteur, théologien et militant écologiste souhaite révéler les concepts chrétiens cachés dans nos conceptions de l’humain, du vivant et du rapport entre les deux. Ces concepts, ce sont les « théologèmes ». Et ils ne véhiculent pas seulement l’idée d’une humanité supérieure au reste du vivant, malgré ce que laissent à penser les deux millénaires de judéo-christianisme passés.
Dans cet extrait, l’auteur lie l’anthropocène (l’influence désastreuse de l’homme sur la Terre) à l’Apocalypse. Il fait aussi appel à la figure du zombi et du mythe de Prométhée pour révéler des théologèmes cachés...
Les théologèmes de l’anthropocène
L’anthropocène est l’idée – proposée à la fin du XXe siècle par le météorologue et chimiste Paul Josef Crutzen, prix Nobel de chimie en 1995, et le biologiste Eugene Stoermer – selon laquelle nous serions rentrés depuis la fin du XVIIIe siècle dans une nouvelle ère géologique, où l’influence de l’humain sur la biosphère a atteint l’équivalent d’une force géologique. Cette idée émerge fortement dans les débats sur l’écologie vers le milieu des années 2000. Elle se conjugue rapidement avec celle de l’effondrement : il y aurait une accélération des effets de l’humain sur le vivant, avec des indicateurs connaissant des courbes exponentielles, des effets de seuil et des combinaisons pouvant provoquer un collapse, d’où le terme « collapsologie » inventé et popularisé par Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans leur essai, Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (1). Ce récit résonne fortement avec des théologèmes (2) : la puissance de l’humain, la fin des temps, etc.
Zombies…
Le premier théologème en lien avec l’anthropocène est un classique de l’écologie et de la littérature de science-fiction, comme nous l’avions écrit avec V
