Quotidienne

« Engagement », par Anne Muxel

Anne Muxel, sociologue

Marie Deshayes, journaliste

Plutôt qu’un désengagement politique chez les citoyens, la sociologue et politologue préfère parler de nouvelles formes d’engagement. Dans un contexte d’individualisation de la société, ce sont davantage des questionnements personnels que des partis politiques qui poussent à s’engager.

« Engagement », par Anne Muxel

L’engagement résulte de la possibilité que l’on se donne de se projeter au-delà de sa seule sphère directe d’intérêts. Il a pour ressort des préoccupations, des inquiétudes, mais aussi des désirs, de l’enthousiasme, des passions.

Ce mot, pour moi, contient l’idée que l’individu est actif, qu’il est moteur de quelque chose. L’engagement ramène à la notion de projet, au sens sartrien : un individu qui n’a pas de projet n’est pas dans une vie où l’on est acteur de sa propre histoire mais aussi de l’histoire collective.

Ce que j’aime aussi dans l’engagement, c’est ce qu’il contient de mobilisation désirante pour envisager sa vie personnelle comme pourvoyeuse de projets, en se dégageant d’un certain nombre de déterminismes et de prédispositions. En ce sens, l’engagement suppose une démarche de liberté et n’est pas dénué d’une prise de risque. L’individu a une marge de négociation, d’autonomie. Il s’agit de quitter les routines, de sortir des habitudes, de dépasser une relative passivité face à ce qui est imposé ou établi, à la vie comme elle va, aux injustices, à la reproduction de l’éternel hier... S’engager, c’est agir et croire que l’on peut remettre les choses en mouvement, pour soi-même mais aussi dans ce prolongement de soi qu’est le collectif. C’est un dépassement, une activa

18 avril 2022
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