Comment expliquez-vous la résilience dont fait preuve Vire Normandie ?

On retrouve plusieurs facteurs. Vire est une ville reconstruite. À mon sens, ce n’est pas neutre par rapport à sa dynamique économique. Elle a été détruite par des bombardements, qui ont fait 500 victimes le 6 juin 1944. Il a donc fallu la reconstruire avec l’aide des pouvoirs publics, de l’État, mais aussi des entrepreneurs locaux.

C’est donc un territoire qui sait se prendre en main, d’autant plus que sa localisation elle-même est source de défis. Situé en dehors des métropoles et des zones d’influence, il ne bénéficie pas des mouvements migratoires qui touchent les bords de mer – nous sommes à 60 km des côtes. Nous ne sommes pas non plus accessibles via de grands axes de circulation. Il a donc fallu développer, entre les différents acteurs locaux, un écosystème fonctionnant en interne pour permettre un développement endogène, une dynamique propre au territoire.

C’est pourquoi, le 1er janvier 2016, Vire centre s’est associée à sept communes rurales alentours pour devenir Vire Normandie, une commune nouvelle. De mon point de vue, c’est une opportunité extraordinaire que nous avons su saisir : se regrouper, être plus forts, développer des complémentarités entre la ville et la campagne.

Comment Vire Normandie a-t-elle réussi à résister à la désindustrialisation ?

Tout d’abord, nous disposons d’une économie très diversifiée. Le territoire, rural, s’appuie sur une agriculture forte, qu’on transforme sur place. C’est le cas, par exemple, du lait avec la Compagnie des fromages et RichesMonts. On retrouve ainsi différentes entreprises agroalimentaires. À cela s’ajoute la logistique pour disséminer ces productions avec des entreprises de transport. Ce sont des emplois non délocalisables. Le territoire abrite aussi une usine du spécialiste des arts de la table Guy Degrenne, des équipementiers automobiles, etc. Tout un tissu industriel très diversifié qui ne dépend ni d’une seule filière ni d’une seule entreprise. Beaucoup de ces structures ont d’ailleurs été créées par des acteurs locaux très attachés au territoire, avec une transmission familiale.

En outre, les entrepreneurs ont su développer des solidarités et des coopérations. Pour moi, un des éléments démontrant cette mentalité, c’est le fait que la ville accueille cinq clubs services, dont un Lions Club. Au sein de ces réseaux où l’on retrouve beaucoup de chefs d’entreprise, des liens forts, pas uniquement professionnels, se développent autour d’actions de solidarité.

Si l’on ne coopère pas, on n’existe pas. Car ce n’est pas l’extérieur qui va amener de la richesse. Ce sont bien les dynamiques créées localement qui provoquent du développement. Enfin, sur ce petit territoire, les collectivités travaillent extrêmement bien avec le monde économique, que ce soit l’industrie ou les commerçants, ce qui facilite les choses. Tout le monde se connaît.

Quels sont désormais les enjeux pour Vire Normandie ?

Au niveau de l’intercommunalité, dont c’est la compétence, nous travaillons sur le schéma de développement économique du territoire, pour lequel le programme de recherche Popsu va nous apporter beaucoup.

Par ailleurs, Vire Normandie mène une politique volontaire en matière de développement durable et d’énergies renouvelables. Nous avons reçu le label « Territoire à énergie positive pour une croissance verte », ce qui nous permet de bénéficier d’une aide de l’État de 1,3 million d’euros pour des projets autour de l’écomobilité, des énergies vertes, de la biodiversité, de l’isolation, etc. Et nous faisons également partie du groupe des 131 collectivités labellisées Climat-Air-Énergie (anciennement Cit’ergie).

Actuellement, nous menons plusieurs actions autour de l’écologie industrielle.

Là aussi, l’écosystème des collectivités et des entreprises locales s’implique. Malgré les contraintes fortes des entreprises, on arrive à fédérer autour de projets.

L’habitat représente un autre enjeu. Nous avons ainsi entamé il y a six ans un énorme travail de reconquête de l’habitat vacant pour l’adapter aux besoins des foyers d’aujourd’hui, mais aussi aux préoccupations environnementales. Plus largement, le principal enjeu pour notre territoire, c’est l’attractivité. Nous disposons de beaucoup d’atouts – le paysage de bocage, la campagne, les équipements, la sécurité, etc. Il nous faut désormais les faire connaître en menant des actions de marketing territorial. Notamment pour attirer des salariés. 

 

Propos recueillis par Oriane Raffin

 

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