EN LATIN, ex Africa signifie « d’Afrique » ou « hors d’Afrique ». On ne pouvait sans doute pas mieux définir l’exposition du quai Branly. Des visiteurs risquent néanmoins d’être désorientés, voire choqués, par l’ex. Le continent africain serait-il logé à la même enseigne que l’ex-Yougoslavie ou l’ex-RDA ? Constitué de pays ex-colonisés, appartiendrait-il au passé ?
Non, bien sûr. Tout est dans le trait d’union, ce signe de ponctuation qu’on met entre deux mots pour les lier : ex n’est pas ex-. Tout nu, le terme indique une sortie, alors qu’habillé du petit ajout horizontal, il se rapporte à un état antérieur.
Le trait d’union peut changer le sens d’une locution : une belle-fille, par exemple, n’est pas nécessairement une belle fille… C’est l’une des complications de cette langue française que l’on dit si logique. La présence ou l’absence du trait d’union tient autant à des règles qu’à des exceptions censées les confirmer. Passe encore qu’un même terme se comporte différemment s’il est suivi d’un adjectif ou d’un nom : ainsi de la non-conformité des produits non conformes. Allez comprendre, en revanche, pourquoi il faut écrire au-dehors, mais en dehors ; château fort, mais coffre-fort ; rez-de-chaussée, mais pied de nez…
Les artistes africains qui jonglent si facilement avec la langue de Molière ont bien du mérite ! Leurs œuvres sont de précieux traits d’union entre les continents. Sachant, comme le précise le Dictionnaire de l’Académie française, que la locution trait d’union ne prend jamais de trait d’union.