Plus ou moins libéraux
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Le programme économique de la droite française est traversé par deux courants de pensée contradictoires. D’un côté, le gaullisme a laissé en héritage une volonté de régulation nationale interventionniste ; de l’autre, le tournant néolibéral des années 1980 a ravivé les idées de liberté d’entreprendre, de dérégulation du marché du travail et de moindre intervention de l’État.
Lors de cette campagne, la plupart des candidats à la primaire de la droite et du centre ont tranché de manière nette ce débat en faveur d’un libéralisme économique affirmé. Seul Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, s’est distingué en évoquant lors du débat du 13 octobre « la force protectrice de l’État ». Ses adversaires s’accordent quant à eux sur la nécessité d’un véritable « choc libéral » pour relancer l’économie, qui passerait par la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), la baisse du nombre de fonctionnaires, la hausse de la durée légale du temps de travail ou encore la réduction des dépenses publiques.
Cependant, derrière l’apparente unité sur ces thématiques économiques, la question de l’intensité de ce choc libéral divise les candidats. L’analyse de leurs programmes montre que plusieurs conceptions du libéralisme économique existent à droite : libéralisme dur, étatisme libéral et social-démocratie libérale.
Plusieurs candidats se font les porte-parole d’une position maximaliste. François Fillon incarne la ligne libérale dure. Il souhaite instaurer la règle d’or budgétaire, supprimer 600 000 postes dans la fonction publique, augmenter le temps de travail des fonctionnaires à 39 heures pour compenser la réduction des effectifs, augmenter les deux taux supérieurs de la TVA de 2 points pour financer une baisse des charges. Alain Juppé, mais aussi Jean-François Copé s’inscrivent également dans ce registre tout en modérant leurs positions. Par exemple, c’est par le non-remplacement ciblé des départs à la retraite que Juppé souhaite supprimer 300 000 emplois dans la fonction publique. Si règle d’or il y a, celle-ci doit être, selon lui, circonscrite aux lois de financement de la Sécurité sociale. Copé s’aligne sur Fillon lorsqu’il propose d’augmenter de 3 points le taux supérieur de la TVA, mais se limite à proposer un gel de la progression des dépenses publiques sur le sujet de la règle d’or. Il est frappant de constater que, malgré un discours modéré, Juppé, le favori de la primaire, adopte une approche très libérale sur les sujets économiques.
La Boussole présidentielle permet d’identifier un deuxième groupe de candidats qui, eux aussi, soutiennent une politique économique libérale, mais se démarquent sur certains points d’un libéralisme dur. Par exemple, refusant de recourir à une hausse de la TVA pour financer une baisse des charges, Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy proposent de transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en allégement de cotisations patronales. Sarkozy souhaite également une exonération totale des charges au niveau du salaire minimum de croissance (SMIC) – les charges diminueraient progressivement pour s’annuler à 1,6 SMIC. Le Maire se montre prudent sur la question de la règle d’or puisqu’il ne prévoit pas de budget en excédent avant 2022. Poisson souhaite que tous les foyers fiscaux soient redevables de l’impôt mais propose en parallèle l’instauration d’un revenu universel.
En adoptant des positions moins disruptives, Nathalie Kosciusko-Morizet présente un profil à part : modification – et non suppression – de l’ISF, instauration d’un revenu de base pour tous en remplacement de certaines allocations, opposition à la fin du collège unique, et tolérance d’un déficit budgétaire temporaire car « les réformes structurelles prendront du temps ».
Si l’analyse des programmes des candidats montre l’existence de plusieurs approches économiques au sein de la droite, elle ne nous éclaire pas sur le modèle de société proposé par les candidats. Poisson place au centre des interactions économiques la protection de la famille, mais les autres candidats ne précisent pas sur quel type de lien social leur projet économique repose, ni comment ils comptent préserver la « pax marchande » au sein de la société française.
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