Rêve d’une société policée, réalité d’une société fracturée
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La violence est sur toutes les langues et le mouvement des Gilets jaunes a remis au goût du jour les sempiternelles discussions sur les causes de son prétendu retour, sur sa légitimité et sur les moyens de la combattre. Commençons par constater que cette violence est réciproque, car deux camps s’affrontent. Celui des manifestants, d’abord portés par un grand élan populaire, puis progressivement réduit aux irréductibles et rejoint par des groupuscules faisant de la violence un outil ordinaire de lutte contre l’État. Celui du pouvoir politique et de son bras armé policier, qui n’a jamais pu ou su dialoguer avec les manifestants, et qui cherche désormais à en finir, avec le soutien croissant des élites. Dans des débats où les postures morales priment trop souvent sur l’analyse, quelle que soit l’issue de ce conflit, le risque est grand qu’il entretienne une fois encore le rêve aristocratique d’une société policée et ne permette pas de comprendre les conséquences logiques de la réalité d’une société fracturée.
Entre naïveté et hypocrisie, la condamnation morale des violences
Les violences sont une réalité, tant du côté des manifestants que des forces de l’ordre. S’en étonner relève toutefois de la naïveté ou de l’hypocrisie.
La mémoire est de plus en plus courte dans la société numérique. En l’espace d’un an et demi, les manifestations contre la loi travail du printemps 2016 semblent déjà loin. C’est pourtant à cette occasion que l’on vit apparaître des « cortèges de tête » comprenant les « Black Blocs », jus
« Cette violence est devenue spécifiquement française »
Robert Muchembled
Comment qualifier les manifestations violentes que nous connaissons depuis plusieurs mois ?
Elles relèvent d’une forme récurrente de la démocratie française : dès qu’il y a un blocage des réformes sociales, ou un programme qui met en cause des acquis…
[Pacifisme]
Robert Solé
Oui, madame, je porte un gilet jaune. Oui, je suis en train de photographier une agence bancaire en flammes. Et alors ? On n’a même plus le droit de photographier maintenant ? Vous, les journalistes, vous feriez mieux d’aller interroger les CRS qui …
Les clés de la communication non violente
Manon Paulic
PARIS, XIe arrondissement. Comme chaque vendredi après-midi, Fanny Partiseti a légèrement modifié la disposition de son salon. Autour du tapis blanc cassé, elle a placé, en cercle, ses deux fauteuils v…