Oui, madame, je porte un gilet jaune. Oui, je suis en train de photographier une agence bancaire en flammes. Et alors ? On n’a même plus le droit de photographier maintenant ? Vous, les journalistes, vous feriez mieux d’aller interroger les CRS qui nous ont interdit de passer tout à l’heure et nous ont balancé des lacrymogènes.

Non, madame, je ne suis pas violent. Je suis un retraité pacifique. Vous voulez connaître le montant de ma pension ? C’est pas un salaire de journaliste !

Non, je ne fais pas partie de ces gens qui sont en train de défoncer la façade du drugstore. Mais je comprends leur désespoir. C’est le seul moyen de se faire entendre. Vous croyez que la télé serait là, samedi après samedi, s’il n’y avait pas un peu de casse ? Le Macron, il essaie de nous balader. Vous, les journalistes parisiens, vous feriez mieux d’aller sur les ronds-points plutôt que de nous bassiner avec son grand débat.

Non, non. Je vous répète, madame, que je suis un manifestant pacifique. Mais il faut comprendre la colère des gens. Ils n’en peuvent plus. On n’en peut plus. On ne lâchera rien, vous entendez ? Et d’ailleurs, qui a commencé ? La violence, ce n’est pas s’attaquer à des magasins de luxe ou à des radars. La violence, c’est la fiscalité pour les riches, c’est la loi travail, c’est de foutre les gens au chômage. 

Ça vous embêterait de me prendre en photo ? Oui, là, avec les flammes derrière… Une deuxième peut-être, avec cette vitrine défoncée… Ça ira, merci. Mais regardez, regardez ! Les flics qui déboulent de l’autre côté de la place, avec leurs casques, leurs boucliers, leurs fusils… La répression macronienne n’a plus de limites. Nous sommes en plein fascisme. C’est pire qu’Alep ! J’ai honte pour mon pays. 

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