La maison commune
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En 2007, Nicolas Sarkozy promettait « 70 % de ménages propriétaires en France ». Ce rêve n’est pas loin de devenir réalité, avec aujourd’hui un peu moins de deux tiers de Français détenteurs de leur logement. Mais à quel coût ? Au cours des vingt dernières années, les prix de l’immobilier ont explosé en France, doublant, voire triplant dans les zones urbaines les plus cotées de Paris, Lyon, Nantes ou Bordeaux. Pourquoi une telle flambée ? Dans ce numéro du 1, nous étudions les mécanismes de cette cherté, entre baisse historique des taux d’intérêt, arrivée des « papy-boomers » sur le marché, mais aussi promotion de l’investissement locatif ou développement des résidences secondaires et des locations type Airbnb.
Le sujet est essentiel dans la crise que le pays traverse depuis sept mois. Car dans une France fracturée entre centres et périphéries, le logement, bien plus encore que le carburant, constitue aujourd’hui le principal poste de dépenses dans le budget des ménages. Une charge lourde, qui vampirise les revenus et ne cesse de creuser le fossé entre populations aisées et classes populaires. Fossé économique évidemment, avec des propriétaires qui tirent profit de leur capital, quand les autres doivent se résigner à la hausse sans fin des loyers. Fossé géographique surtout : avec un prix moyen au mètre carré qui approche désormais les 10 000 euros, Paris intra-muros pousse toujours plus de classes moyennes hors de ses remparts. Un phénomène qu’on constate dans la plupart des grandes villes françaises, désormais érigées en citadelles bourgeoises, hermétiques, dont sont exclues les catégories modestes à vitesse grand V. Avec, au passage, une sacrée rancœur sur le porte-bagages : aux classes aisées les transports de qualité, les écoles prisées, les terrasses végétalisées ; aux autres, l’éloignement et le sentiment de déclassement, quand ce n’est pas la relégation dans des ghettos sans plus aucune forme de mixité.
Est-il possible d’enrayer cette dérive et de rendre le logement à nouveau abordable ? Dix ans après Nicolas Sarkozy, le candidat Emmanuel Macron avait affirmé sa volonté de lutter contre la « rente immobilière ». De ce côté-là, les mesures prises restent encore timides. Expérimenté en 2014, l’encadrement des loyers va bien faire son retour à partir du 1er juillet, mais circonscrit à Lille et Paris. Et la baisse des APL a brouillé le message présidentiel. Délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Christophe Robert plaide dans ce numéro pour une politique bien plus ambitieuse, fondée sur la construction, la fiscalité et la solidarité. Trois planches de salut pour enjamber le fossé actuel, et poser les fondations nouvelles d’une maison commune.
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