La montée des inégalités urbaines et le nombre croissant de personnes mal logées interrogent. Dans l’avenir, le logement devra répondre à une nouvelle demande sociétale, procurer un habitat plus participatif, communautaire et écologique. Des motivations plus qualitatives, qui s’articulent autour de l’idée d’un « habiter autrement ».

C’est dans ce contexte que des initiatives issues de la société civile ont vu le jour pour renforcer le lien social, notamment par la voie de l’habitat dit « participatif » (un terme qui regroupe des vocables aussi variés que « coopération d’habitants », « habitat groupé », « co-habitat »). Comprenant en moyenne une vingtaine de logements, celui-ci réunit plusieurs individus ou familles ayant décidé de mutualiser leurs ressources pour concevoir, réaliser et financer collectivement un habitat collectif dans lequel chaque résident possède son propre logement avec des espaces communs et partagés – un jardin, un atelier, une salle des fêtes… – dont les formes et l’usage varient selon les lieux. Face à cet essaim d’initiatives, la loi Alur (loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové) du 20 février 2014 a inclus un volet consacré à l’habitat participatif. Elle propose une alternative à la promotion immobilière sociale ou privée classique en créant un statut pour les coopératives d’habitants et les sociétés d’autopromotion. Ces projets sont de 10 à 15 % moins coûteux que l’habitat classique car ils permettent de supprimer certains intermédiaires, et les catégories populaires et moyennes peuvent trouver, par ce biais, un moyen d’accéder plus facilement à la propriété, souvent hors de leur portée dans les grandes villes. Inspirées des expériences de coopératives d’habitat qui prennent forme en Suisse, en Allemagne, en Belgique et en Europe du Nord, ces initiatives restent actuellement encore difficiles à quantifier en France tant les expériences sont diverses et leur identification approximative. On évalue à environ cinq cents le nombre de projets en cours, mais à ceux-ci s’ajoutent toutes les initiatives qui prennent forme de façon spontanée dans les interstices de l’urbain et du rural. 

Ses habitants décident de vivre selon des principes dont ils ont ensemble décidé et fixé les modalités d’application, souvent autour de valeurs éthiques, sociales et environnementales communes. En rupture avec un fond de « marchandisation de la ville » synonyme d’anonymat et de ségrégation sociale, les acteurs de ces opérations opposent une volonté d’édifier un « commun urbain », de repenser le lien social et d’impulser une autre façon de vivre dans la diversité. Il s’agit aussi d’ouvrir cette forme d’habitat à des préoccupations plus marquées autour du vieillissement et de la lutte contre l’isolement des populations modestes à travers des logements intergénérationnels plus collectifs, regroupant des personnes âgées et des plus jeunes. Ce renouvellement de l’habitat participatif sous ses diverses formes traduit ainsi une volonté de plus en plus affirmée d’implication des citoyens dans leurs conditions de vie en ville, mais aussi l’affirmation d’une entraide. C’est en somme un habitat qui cherche à « (re)faire société ». Et qui rappelle aux décideurs publics la nécessité de remettre l’habitant au cœur du logement de demain. 

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