C’est la première chose à laquelle j’ai pensé quand il s’est barré. Enfin non, d’accord, peut-être pas la toute première chose. Il y a eu le chagrin, oui, l’innommable chagrin d’amour. Et puis très vite, quand même, cette question : j’allais aller où ?

Aller où, ça voulait dire : j’allais vivre où ? Quelle serait ma maison ? Quel serait mon refuge, ma cabane, ma tanière ? Il me fallait un endroit où j’allais pouvoir pleurer, d’abord, pleurer ce premier amour perdu. Un endroit où j’allais pouvoir vivre, ensuite. Survivre, je pensais, à l’époque, puisque je n’imaginais pas me relever un jour de cette épreuve que la vie m’envoyait ; la pire, je pensais. Un endroit pas trop loin de là où j’avais toujours vécu, pas trop loin de là où j’étudiais, pas trop loin de mes proches parce que, oui, dans ces moments-là, selon la formule consacrée, on a besoin « d’être entouré ».

Je venais d’avoir vingt-quatre ans. Je n’avais pas encore terminé mes études. J’étais la maman d’un bébé de dix-huit mois. Je faisais des petits boulots, en plus

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